vendredi 13 janvier 2023

COUP DE PROJECTEUR : DANS LA FAMILLE RIVAROL, IL Y A...



Nous vous présentons Laurent  Bastien alias "PROJETKO", l'un des premiers soutiens d'Hervé Ryssen et dessinateur pour le journal antisémite et homophobe Rivarol tenu par l'anti-juifs patenté Jérôme Bourbon. 


Il réalise et diffuse des illustrations « dissidentes » depuis 2015, principalement sur les réseaux sociaux mais aussi dans quelques revues et journaux nationalistes comme l'infâme Rivarol. 

ABATTRE LA RÉPUBLIQUE

«"Projet KO" est une référence directe au film "Fight Club" sorti en 1999 qui a été déterminant pour mon éveil politique. Toutefois, il ne s’agit pas dans mon esprit de militantisme anarchiste mais de participer à mettre K.O leur République » confira-t-il dans une interview accordée à l'Action Française.

Le voici ci-dessous en compagnie de son ami Hervé Ryssen l'année dernière au Forum de l'Europe


 Sa France, ses héros, ses mentors sont Degrelle, Brassillac 
Ses héros sont morts comme Degrelle et Brasillach, Ryssen, Le Lay, Reynouard…


Ci-dessous quelques-uns de ses derniers posts JUDEOPHOBES et autres publiés sur les réseaux sociaux russes VK et Telegram.


Projetko aime bien provoquer par ses dessins outrageux et xénophobes. Encore un fondu partant en croisade contre tout ce qui n'est pas chrétien à ses yeux. 

Nous nous sommes un peu amusés et avons détourné quelques-uns de ses dessins.
Nous espérons qu'il appréciera.


Laurent aurait pu être dessinateur pour enfants, raconter de belles histoires, faire travailler l'imaginaire de ses petites têtes blondes en exploitant ses talents artistiques à bon escient. Mais, il préfère donner dans la subversion, la stigmatisation de tous ceux qui ne suivent pas sa ligne de pensée archaïque. Nous nous amusons parfois à détourner certains de ses dessins histoire de lui rappeler la juste valeurs des choses.


Ci-dessous aux côtés de Benedetti ou encore Cassandre Fristot dont ils font la promotion.


Souvenez vous le fameux T-Shirt "Libérez Ryssen" arboré ici par son ami Benedetti :


BTA

Ps: Nous ne lâcherons rien. Votre bateau coule, mais vous ne semblez pas encore l'avoir assimilé.
La bise de toute l'équipe.



jeudi 12 janvier 2023

Dieudonné, ce bouffon opportuniste

Les fourberies de Dieudonné M’Bala M’Bala

Ce mardi 10 janvier 2022, Sur « Touche Pas à mon Poste » (TPMP), l’émission phare de la chaîne C8, qui se nourrit principalement de sujets scabreux et les traite d’une manière déplorable, l’inénarrable Cyril Hanouna a invité sur son plateau, l’avocat rémois de Dieudonné M’Bala M’Bala, Maître Emmanuel Ludot et le directeur de publication d’Israël Magazine, un journal franco-israélien qui ne se caractérise pas par son professionnalisme et son intelligence. Lors de cette émission, André Darmon vient expliquer pourquoi il aurait hésité mais a finalement décidé de publier un texte de Dieudonné dans son magazine. Sur son site Internet, sous le titre de « Dieudonné demande pardon à la communauté juive », Dieudonné se fend d’une lettre ubuesque où il écrit qu’il tient « à demander pardon à toutes celles et ceux que j’ai pu heurter, choquer, blesser au travers de certaines de mes gesticulations artistiques. Je pense notamment à mes compatriotes de la communauté juive, avec lesquels je reconnais humblement m’être laissé aller au jeu de la surenchère ». Surenchérissant, son avocat vient appuyer cette demande, en parlant d’une initiative dont il vante l’honnêteté et qui s’appuierait sur le modèle de la fête religieuse juive de Yom Kippour (le Grand Pardon), le jour le plus saint et le plus solennel de la religion juive consacrée à regretter les mauvaises actions et les mauvaises pensées qui ont été commises durant l’année écoulée et à demander pardon, à Dieu ainsi qu’à ses semblables, avec sincérité. Et, sur le plateau, le débat biaisé porte sur cette démarche. Faut-il permettre à Dieudonné d’adresser à la communauté juive des excuses et sont-elles sincères ?

Sauf que voilà, Dieudonné M’Bala M’Bala n’a pas à répondre de ses actes devant une quelconque religion ou au nom de quelconques préceptes religieux, mais devant la Justice de notre pays, seule habilitée à déterminer de sa culpabilité. Or, la justice française a condamné à plusieurs reprises ce multirécidiviste de la haine. Et ce n’est que devant la justice de notre pays, prononcée au nom du peuple français, que Dieudonné devra continuer de répondre des mots orduriers et qui ont été les siens. D’ailleurs et tout au long de ces années, de nombreux procès ont été intentés contre Dieudonné, dont plusieurs se soldent par des condamnations pour incitation à la haine raciale. Nous n’allons pas ici rendre compte de ces procédures judiciaires, tant elles sont nombreuses. Comme l’a rappelé un magistrat, lors d’une audience, son casier judiciaire est très fourni. Enfin et dans un autre domaine, en juin 2021, Dieudonné est condamné à deux ans ferme en appel pour abus de biens sociaux et fraude fiscale. Dernièrement, Noémie Montagne, son ancienne compagne, a porté plainte contre lui (mardi 25 octobre 2022). Elle l’accuse de « harcèlement » et d’ « escroquerie ».

Il était une fois, Dieudonné…

Il était une fois un jeune humoriste parmi les plus doués de sa génération. Pendant plusieurs années, de 1991 à 1997, le Franco-Camerounais Dieudonné M’bala M’bala est en tournée avec l’humoriste Elie Semoun. Un duo qui fonctionne bien. En même temps, Dieudonné bataille contre le Front national. C’est ainsi que, lors des législatives de 1997, Dieudonné se porte candidat à Dreux pour s’opposer à Marie-France Stirbois, représentante locale du Front national. Il est alors encensé par une partie de la gauche pour ses positions en faveur de la régularisation des sans-papiers ou du droit de vote des immigrés. Il est invité dans les émissions de radio et de télévision. Dieudonné plaît. Mais peu à peu il s’enferme, il catégorise, dénonce, puis stigmatise. Et un autre Dieudonné apparaît.

En 2000, Dieudonné se lance dans la réalisation d’un film sur le Code noir[1]. Il demande une aide à l’écriture au Centre national du cinéma (CNC), refusée en 2002. Selon Louis Sala-Molins, autre coauteur, le scénario était d’une « férocité totale », car « il fallait cogner », que le Français sache vraiment ce que fut sa politique négrière[2]. Mais voilà, très vite, Dieudonné impute ce refus aux prétendus « sionistes du CNC » qui pratiquent, selon lui, un « deux poids, deux mesures ». Un refus qui aurait été le déclencheur de ses prises de position ultérieures.

Il s’en expliquera d’ailleurs lors d’une interview qu’il accorde à Thierry Ardisson, dans son émission « Tout le monde en parle », sur France 2, le 11 décembre 2004. À L’animateur Thierry Ardisson qui lui demande « est-ce que vous n’auriez pas intérêt finalement à faire avancer la cause des Noirs plutôt que d’être l’ennemi de la cause sioniste ? », Dieudonné répond : « C’est sûr. Mais bon, tout a commencé avec ce projet de film sur le Code Noir, sur la traite négrière. Tout a commencé comme ça. Je vais voir les autorités de mon pays, le CNC, pour dire “Bon voilà je voudrais faire ce film”. Et là on m’envoie un courrier. On me dit : “Non. Ne faites pas un film”… Pourquoi ? Parce que c’est un sujet extrêmement délicat. 95 % des richesses aux Antilles appartiennent encore aux descendants d’esclavagistes. C’est un sujet difficile à ouvrir. Alors je leur dis : “Vous ne pouvez pas me dire ça. Vous avez financé tout un tas de films sur d’autres crimes contre l’humanité.”… Et là, j’ai compris que j’étais face à une sorte d’unicité dans la souffrance, face à la République, qui m’a extrêmement dérangée ». Mais dans son esprit, ce refus ne pourrait en aucun cas lui être imputable, quel que soit le scénario et sa « férocité totale ». Non, il lui faut un bouc-émissaire fantasmé, il est donc tout trouvé.

Dès lors, Dieudonné utilise un qualifiant (les sionistes) qui sert de repoussoir notamment dans les quartiers sensibles, mais aussi chez des arabo-musulmans, dans une partie de la gauche et à l’extrême-gauche. Mais, qui, dans sa langue, est utilisé à la seule fin de dénoncer les Juifs, dans leur globalité. Par ailleurs, ce choix – pour des raisons à la fois tactiques et politiques – est aussi la conséquence des procès perdus par Dieudonné. Celui-ci déclarait le 14 juillet 2005 sur le site des Ogres (aujourd’hui fermé) « Ben ! Je vous le dis (…) je ne prononce pas le mot Juif. Après mes différents procès, j’ai compris qu’il pouvait y avoir interprétation sur ce mot alors que sioniste, il n’y a pas d’interprétation possible[3] ».

En réalité, Dieudonné poursuit une stratégie que décrit Éric Marty, professeur à l’université Paris-VII[4]. En premier lieu, dénier la qualité de victimes aux Juifs en leur attribuant les signes de leurs propres bourreaux ; faire des Juifs les artisans du martyr noir et de l’esclavage ; se donner soi-même comme victime, en dénonçant le « lynchage » dont il se dit victime. Cet antisémitisme traverse également des mouvements radicaux noirs américains, les Black Panthers ou Nation of Islam, dont le chef est Louis Farrakhan[5]. Dieudonné tente de fédérer une communauté noire très dispersée, mais dont le ressentiment monte face à une République qui ne tiendrait pas ses promesses. Pour lui, les premières victimes du racisme sont les Noirs et les Maghrébins. Succès garanti dans certaines banlieues difficiles. C’est ainsi que la thématique du « tous pourris » imprègne ses spectacles.

Mais, c’est en décembre 2003, sur le plateau de « On ne peut pas plaire à tout le monde », le talk-show de Marc-Olivier Fogiel sur France 3, que son image médiatique commence sérieusement à se brouiller. Il interprète, en direct, un sketch polémique. Le visage masqué, il campe un colon israélien s’en prenant à Jamel Debbouze, présent autour de la table, qu’il qualifie d’« humoriste musulman », de « moudjahidine du rire ». Son personnage fait un salut fasciste, invitant les jeunes des cités à rejoindre « l’axe du bien américano-sioniste ». La provocation de trop. Lors du procès en première instance pour ce sketch, Dieudonné est encore soutenu par quelques personnalités, comme Robert Ménard, alors président de Reporters sans frontières ou l’ex-auteur des Guignols Benoît Delépine (de Canal+). Ce sont là d’éventuels témoignages de moralité. Mais, d’autres personnes assistent au procès, comme Ginette Skandrani, sexagénaire, environnementaliste alsacienne, foncièrement anti-israélienne, proche du négationniste Serge Thion[6]. Dans la salle, venu également le soutenir, Nouari Khiari, un militant connu pour ses violentes diatribes anti-israéliennes, animateur de manifestations des pro-voiles[7]. Nouari est également un proche de Farid Smahi, ex-conseiller régional FN d’Ile-de-France.

Et, les déclarations antisémites se multiplient alors. Dès lors, il n’est plus le bienvenu dans les studios. On ne veut plus l’inviter, on craint le scandale. La presse écrite hésite. Ses outrances provoquent des protestations. Des plaintes sont déposées. Or, en février 2005, à Alger, devant un public conquis, il se compare à Dreyfus et à Jésus, dessine le portrait d’une France où la parole serait interdite et où violer un bébé serait moins grave que de critiquer Israël[8]. Il jette en pâture certains noms (Patrick Bruel, Elie Wiesel, Bernard-Henri Lévy…) À l’issue de la conférence de presse donnée avant le spectacle, Dieudonné parle de la France, qu’il décrit en ces termes : c’est un « territoire occupé par le sionisme ». Il ajoute que « la Shoah est une pornographie mémorielle ».

Dieudonné et l’accusation de peuple déicide

A Alger, le 19 février 2005, dans le quotidien algérien L’Expression, Dieudonné affirme que « le sionisme, c’est le sida du judaïsme » : « Dire qu’on vit en France. Nous sommes des sous-citoyens. Nous n’avons pas les mêmes droits que les sionistes. Eux, dans une école, il suffit qu’un petit soit traité de sale Juif pour que tout le monde se lève. Pour moi, le sionisme, c’est le sida du judaïsme ». De jours en jours, Dieudonné radicalise un peu plus son propos et renforce définitivement son image d’antisémite. C’est ainsi également que le fiel du complotisme ne va plus le quitter, lorsqu’il est à l’étranger, en tournée dans un pays arabe et en Iran. Il en usera et il en abusera pour plaire à ses hôtes. Dieudonné cherche-t-il une consécration à l’étranger ? Oui, et c’est en Iran qu’il va la trouver. Il se rend en Iran et y rencontre le président Mahmoud Ahmadinejad. Là, Dieudonné participe à des interviews télévisées.

Lorsqu’il le peut et où qu’il soit, d’Iran en Syrie et de Syrie en Corée du Nord, il mène un combat contre le sionisme et les démocraties occidentales. Pour Dieudonné, le sionisme est une sorte de pieuvre tentaculaire qui dominerait le monde. Ce faisant, consciemment ou inconsciemment, il répercute les vieux mythes fondateurs de l’antisémitisme. Mais lorsqu’il parle du sionisme, Dieudonné ne veut pas seulement dénoncer une doctrine, et un nationalisme. Dieudonné y ajoute d’autres qualifications et considérations. Quoiqu’il se défende tactiquement d’être antisémite alors qu’il l’est, il voit dans cette dénonciation du sionisme, une expression commode, sorte de ramasse tout de substitution. Comme d’autres, avec cette dénonciation du sionisme, il prend tout ce qui l’arrange et qu’il veut délibérément et constamment dénoncer. Derrière le sionisme et l’État d’Israël, dans son esprit, se trouve forcément toujours le Juif, et toutes les représentations fantasmées et apocalyptiques autour du Juif. C’est ainsi que, par exemple, ce glissement sémantique a pu s’opérer le plus tranquillement du monde, lorsque Dieudonné est interviewé par la chaîne iranienne Sahar 1 en septembre 2011. Lors de l’entretien, Dieudonné lâche subitement que « le sionisme a tué le Christ » :

Sahar 1 : « Pourquoi le sionisme essaie tant de faire des crimes de par le monde ? »
Dieudonné : « C’est profondément une science du mensonge et une haine profonde de l’humanité. Il me semble que c’est une épreuve envoyée à l’Humanité, mais que nous allons dépasser. Le sionisme joue sur nos instincts les plus bas. Le sionisme partout où il arrive tente d’enlever les valeurs morales du pays (…) Il nous tente. C’est la tentation dont a parlé le Christ (…) Les valeurs islamiques arrivent partout dans le monde et c’est pour cela que le sionisme développe une communication islamophobe. Le sionisme a tué le Christ. C’est le sionisme qui prétendait que Jésus était le fils d’une putain (…) or, Jésus a annoncé la venue du prophète, euh… du messager ».

Cette qualification est ici appliquée sans la moindre hésitation et retenue, sciemment, pour rappeler dans l’imaginaire collectif ce vieux mythe. Car pendant des siècles, les chrétiens ont accusé le peuple juif d’être collectivement responsable de la mort de Jésus. C’est ce que l’on a appelé « l’accusation de peuple déicide ». Or, ce terme fait explicitement référence à la crucifixion de Jésus-Christ et porte une signification particulière, celle de « meurtrier de Dieu ». Dans cette interview, lorsque Dieudonné invoque le « sionisme » pour imputer aux Juifs la mort de Jésus et les malheurs de l’humanité, il parle abusivement et mensongèrement d’une idéologie, le sionisme, pourtant postérieure de quelque dix-neuf siècles à la mort de Jésus.

Dieudonné, le négationnisme et Robert Faurisson

Mais, surtout, Dieudonné a un grand ami, le négationniste Robert Faurisson. Le 28 décembre 2008, au Zénith de Paris, Dieudonné remet à Faurisson « un prix de l’infréquentabilité et de l’insolence » devant 5.000 spectateurs et le gratin de l’extrême droite. Jean-Marie Le Pen est accompagné de son épouse Jany et de sa fille Marie-Caroline, ainsi que Patrick Bourson, l’associé du leader frontiste dans une affaire de champagne. Dans la salle, l’essayiste Alain de Benoist, Dominique Joly, un conseiller régional FN élu sur la liste de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, un ancien dirigeant du GUD, et Marc Georges, alias Marc Robert, coordinateur de la campagne de Dieudonné pour la présidentielle de 2007. « Il y avait aussi des gens d’extrême gauche », tente de rééquilibrer le polémiste, qui toutefois refuse de donner des noms : « Je ne veux gêner personne. » La militante propalestienne Ginette Skandrani confirme sa présence, non loin du leader radical noir Kémi Seba, dont le mouvement Tribu Ka a été dissous en 2006 par le ministère de l’Intérieur. Il est sur scène, il s’amuse comme un petit fou. Juste avant d’accueillir Faurisson, il fait monter Jacky, son acolyte[9]. Jacky est en chemise de nuit avec une énorme étoile jaune sur la poitrine. La salle adore. Jacky ne comprend pas pourquoi il doit se déguiser en Juif. « C’est pour que les gens n’oublient pas ! » hurle Dieudonné[10]. Et Jacky, ovationné par le public, quitte la salle en bêlant : « N’oubliez pas ! » Sur scène, Faurisson se voit remettre un trophée en forme de chandelier sur lequel sont plantées des pommes par un technicien (Jacky) habillé en pyjama à carreaux, avec une étoile jaune sur la poitrine et le mot juif inscrit dessus, évoquant un déporté juif. En mars 2009, Dieudonné hilare filme un sketch avec le même Faurisson qui à cette occasion est coiffé d’une kipa. Puis il réalise un long-métrage « L’Antisémite », coproduit avec une société iranienne. Le film n’est pas diffusé en salles mais commercialisé sur Internet pour ses seuls abonnés. Il est présenté le 15 janvier 2012 en avant-première au théâtre de la Main d’or. Dieudonné y interprète le rôle principal : un homme alcoolique et violent, déguisé en officier nazi pour un bal costumé. Robert Faurisson y joue également pendant quelques minutes son propre rôle, tandis que la Shoah y est personnifiée en sainte.

Le premier extrait (de 3 minutes) de « L’Antisémite » est accessible sur Internet. La date de sortie officielle est le 21 mars 2012. Dans ce court extrait, sur fond de piano tourné avec une couleur très années 1920, on peut voir un Américain, William Murdock (qui joue son propre rôle) inspecter une chambre à gaz. On reconnaît Jacky, son technicien, qui porte l’habit rayé des déportés. Le film n’est pas diffusé en salles mais commercialisé sur Internet pour ses seuls abonnés. Il est présenté le 15 janvier 2012 en avant-première au Théâtre de la Main d’or. Pour comprendre ce dont il s’agit, nous reproduisons l’extrait suivant :

« Le narrateur : Alors, arrivés à Auschwitz, les Alliés découvrent un spectacle d’horreur et de désolation.
Un prisonnier (à un autre gros prisonnier fumant la pipe) : Dégage !… On filme l’histoire !
Le prisonnier : S’il vous plaît ! À manger !
Le narrateur : L’officier américain William Murdock dira… 
William Murdock : Tiens ! Bouffe !
Le narrateur : L’humanité tout entière s’est vue à jamais marquée du fer rouge de la barbarie ! Grâce à un système de tuyauterie particulièrement ingénieux et complexe, le gaz était acheminé jusqu’à l’intérieur de la pièce.
William Murdock : Oh my God ! Oh mon Dieu !
Le narrateur : Sur la porte de cette chambre à gaz est inscrit SALICH DOUCHE : salle de douches.
William Murdock : Les preuves irréfutables…
Le narrateur : C’est dans une chambre à homicide comme celle-ci que le régime nazi a gazé deux millions de Juifs et quelques autres manants, sans conséquence.
Un personnage (au sujet du gaz): Mais comment ça marche ?
Un personnage (sous la douche qui coule) : C’est incroyable !
Le narrateur : Plus de 80 déportés étaient entassés dans cet endroit réduit pour y être asphyxiés.
Un personnage : Les fameuses douches… 
Un autre : Mais d’où venait le gaz ?
Le narrateur : Le gaz utilisé pour tuer était le Zyklon B. Les corps étaient transportés au crématorium central jusqu’à des crématoriums de fortune comme celui-ci [mini-barbecue], qui servaient à incinérer des nourrissons.
Un personnage (au sujet du Zyklon B) : Je peux l’emporter ? Ça peut toujours servir !
Un personnage (tirant une fourchette du barbecue) : Une fourchette ? – Euh… On coupera au montage.
Un personnage (tirant des os de poulet du barbecue) : Des os de poulet ? – Euh… Non ! Des os d’enfants.
Le narrateur : D’autres corps étaient dépecés, et les peaux utilisées pour faire des fauteuils en cuir…
Un prisonnier (désignant un fauteuil) : Attention ! Vous vous asseyez sur ma grand-mère !
Le narrateur : … ou bien encore de luxueux abat-jours particulièrement prisés par la bourgeoisie nazie.
Un personnage : Ça aussi, c’est en peau de Juif ? – Bien sûr !
Le narrateur : Malgré cet amoncellement de preuves irréfutables, il s’en trouvera encore pour nier la Shoah ! »

On voit bien dans cet extrait, défiler toute la stratégie mise en œuvre par Dieudonné. Le crime est totalement ridiculisé, il est décontextualisé et devient un objet de moquerie, de drôlerie, de bouffonnerie. Et là, s’opère également sa négation. C’est ainsi que le négationnisme fonctionne chez Dieudonné. Il est couplé avec toutes les ficelles de l’antisémitisme. Mais, cette stratégie et cette convergence avec Robert Faurisson correspondent aussi à une vision du monde que Dieudonné résume dans une interview publiée par l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol, le 11 mars 2011. Cette citation condense probablement tout ce que Dieudonné entend, comprend et veut débiter. Elle explique aussi pourquoi et comment Dieudonné s’est entiché de Faurisson, tout au long de ces années : « Les grands vainqueurs de la dernière guerre mondiale ce sont les sionistes. On a eu pendant la guerre l’occupation allemande ; aujourd’hui, c’est l’occupation sioniste. Non seulement la guerre n’est pas terminée, mais elle se durcit car l’occupant est pire que les précédents. » 

Comment s’étonner dans ces conditions qu’en octobre 2018, Dieudonné pleure la mort du négationniste ? Véritablement triste, il s’exclame : « Robert Faurisson nous a quittés, je perds un ami, un homme exceptionnel qui m’a beaucoup inspiré. Je sais que la soif de vérité à laquelle il était enchaîné est à présent apaisée, elle aura fait de sa vie une œuvre incomparable. Dans un monde normal, ta place sera au Panthéon […] Tu es le seul homme pour qui je vais m’imposer un devoir de mémoire ».

Dieudonné joue la victime

Dieudonné se nourrit des polémiques qu’il alimente. Comme Jean-Marie Le Pen en son temps – qui calculait sciemment ce qu’il voulait dire et comment il fallait le dire – Dieudonné se nourrit des polémiques qu’il engendre, des mots lâchés, sciemment. Cela participe à la fois de la promotion de ses shows et du business qui va avec. Plus on parle – fût-ce en mal – de lui, plus il en tire des bénéfices. Car la promotion du « spectacle » ne se fera que si elle est accompagnée de phrases assassines. Bien évidemment, il va être très critiqué. Mais, après tout, n’est-ce pas ce que son public attend et réclame ? Dieudonné ne fait pas dans la vertu, il se nourrit du grossier, il affectionne le scandale. Il transgresse, c’est le job. Il ne doit pas le faire à moitié, mais totalement. Et plus c’est gros, plus cela porte et fidélise ses fans. Il doit y voir un autre avantage. Dieudonné cherche à faire passer des messages. Son combat est politique, nous le pensons. C’est ainsi qu’il ne s’agit pas seulement de gagner de l’argent, même s’il aime l’argent. Si tel est bien le cas, il aurait pu le faire autrement, sans aller aussi loin, probablement. Les phrases délivrées constituent également un argumentaire, fût-il sordide, fût-il scabreux, pour « éduquer » son public. Enfin, et pour terminer, Dieudonné aime jouer la victime. C’est un répertoire et un rôle qu’il affectionne particulièrement. Dieudonné se veut en « martyr » du système et des lobbies, comme un saint, comme Jésus. C’est en tout cas l’image qu’il aime donner de lui. C’est aussi cela la promotion du « spectacle », pas seulement lancer une phrase, mais jouer pleinement le registre de la victimisation. Il n’est pas le seul bien sûr à le faire. Ils sont nombreux à affectionner ce rôle. Mais Dieudonné en connaît tous les registres. Comme pour rappeler à son public qu’il paye cher le fait de pointer du doigt. C’est un registre qu’il affectionne particulièrement, comme Jean-Marie Le Pen, en son temps. C’est un registre qu’il connaît par cœur et dont il use et abuse régulièrement.

Pardonner ?

Dans ces conditions quel crédit accorder à un activiste antisémite et négationniste lorsqu’il vient demander pardon à la communauté juive ?

Les fourberies de Dieudonné, je connais. J’ai eu l’occasion avec mes camarades de SOS Racisme, de l’UEJF, de la LICRA et du MRAP et d’autres associations, de le voir, de l’entendre, de le regarder, et de l’affronter, lors de différentes audiences.

J’ai vu son petit rire moqueur lorsqu’au tribunal, l’on projetait quelques-unes de ces vidéos « assassines ». J’ai vu sa satisfaction, son orgueil démesuré et sa brutalité. L’homme (en bermuda) devant les juges, sans attendre de nous entendre, je l’ai vu se régaler de ses saillies misérables et racistes. Je l’ai vu également sur Internet, se régaler de ses mots/maux et exciter son public, notamment les jeunes de banlieue, jetant comme on jetterait aux chiens, des os. Lui, Dieudonné M’Bala M’Bala jetait en pâture les Juifs, avec une expression particulière du visage et un sourire carnassier…

Alors, pardonner ? Jamais. Par contre, nous continuerons de le traîner devant les tribunaux, afin que justice soit rendue.


Marc Knobel est historien, il a publié en 2012, l’Internet de la haine (Berg International, 184 pages). Il publie chez Hermann en 2021, Cyberhaine. Propagande, antisémitisme sur Internet.


[1] Rédigé sous l’autorité de Colbert, et promulgué par Louis XIV, le Code noir réglemente l’esclavage aux Antilles. En un préambule et soixante articles, il règle dans les possessions françaises d’outre-Atlantique « l’état et la qualité des esclaves » en les qualifiant de bêtes de somme ou de purs objets.

[2] Anne-Sophie Mercier, Dieudonné démasqué, Paris, Le Seuil, 2009, p. 63.

[3] Cité par Cindy Leoni, « Dieudonné, multirécidiviste », Libération, 3 janvier 2014, p. 21.

[4] Éric Marty, « Que Dieudonné se rassure ! », Le Monde, 7 mars 2004.

[5] Sur ce sujet voir l’article de Philippe Boulet-Gercourt, « États-Unis : les noirs antijuifs », Le Nouvel observateur, 24 février – 2 mars 2005.

[6] Ancien professeur de littérature à l’université Lyon-II, cette figure de l’ultra-gauche négationniste consacre sa vie à expliquer que les chambres à gaz n’ont jamais existé. Son engagement lui a valu des procès qu’il a toujours perdus.

[7] Claude Askolovitch, « Dieudonné. Enquête sur un antisémite », Le Nouvel observateur, 24 février – 2 mars 2005.

[8] Selon Jean-Marcel Bouguereau dans « Terrifiante comptabilité », Le Nouvel Obs, 21 février 2005.

[9] Marianne, « Jacky Sigaux, le régisseur », 11 au 17 janvier 1014, page 19.

[10] Dans un éditorial intitulé « Hitler et Voltaire » dans L’Express en date du 15 janvier 2014, Christophe Barbier écrit : « Dieudonné n’est pas un humoriste, il est un propagandiste ; il n’est pas politiquement incorrect, il est idéologiquement infect. Ceux qui vont l’applaudir sont des coupables s’ils partagent ses thèses ou des complices s’ils cautionnent sa pensée par leur présence et leur rire tout en plaidant la naïveté ».


Nous remercions Marc Knobel pour cette très juste analyse. Ni oubli ni pardon.

BTA


lundi 9 janvier 2023

Boris Le Lay poursuivi une nouvelle fois pour incitation à la haine


Après le reportage du Télégramme au Japon constatant que le néonazi breton Boris Le Lay y résidait bien, des voix s’élèvent pour que la justice obtienne son extradition. 

Le néonazi breton Boris Le Lay vit bien au Japon, à Kashiwa. En février dernier, un hacker était parvenu à faire tomber son site Démocratie participative, et à récupérer de très nombreuses données, dont son adresse personnelle. L’ultranationaliste breton y réside toujours, comme nous avons  pu le constater il y a quelques jours. « Il a été condamné de nombreuses fois à de la prison. On connaît son adresse. Pourquoi n’est-il pas interpellé et extradé ? », questionnaient plusieurs lecteurs, au lendemain de ce reportage: https://www.balancetonantisemite.com/search/label/Boris%20Le%20Lay 

De nouvelles plaintes en cours.

L'équipe Balance Ton Antisémite, aujourd'hui en contact avec l'association Japonaise "CRAC", constitue actuellement des dossiers délivrés aux différentes associations française, dont la Dilcrah (Délégation interministérielle en charge de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine LGBT) ainsi qu'à l'association japonaise en charge de cette affaire.

L'Observatoire Juif de France dépose plainte.

Communiqué de L'Observatoire Juif de France:

"L’Observatoire Juif de France a déposé une nouvelle plainte devant Monsieur le Procureur de la République, contre Boris Le Lay, le néonazi exilé au Japon, suite à la publication d’un article sur son site « Démocratie Participative ». 

Cette fois-ci, suite à un Tweet de la journaliste Pascale Clarke, concernant l’affaire « LOLA » qui a bouleversé toute la France, Boris Le Lay se permet d’écrire : « Par « extrême-droite », la juive Pascale Clarke désigne tous les goyims blancs qui ont encore un instinct de survie en France. »

« Ce faciès hébraïque difforme vous communique son envie de tuer vos enfants et d’en rire »

L’auteur a mis également dans cet article une photo-montage où la victime est assortie d’une étoile jaune rappelant des heures les plus sombres de l’Histoire et incluant le mot « juif » placé comme une insulte, par différentialisme nazi : 


L’article est de surcroît à forte teneur antisémite et incite à l’aryanisme nazi, les juifs y étant odieusement dépeints comme une race de parasites racistes anti-blancs au comportement nuisible s’infiltrant dans la société dite « aryenne ».

La plainte de l’Observatoire Juif de France vise plusieurs griefs, dont provocation à la discrimination nationale raciale religieuse ainsi que diffamation envers particulier(s) en raison de sa race, de sa religion ou de son origine, et ce, par parole, écrit, image ou moyen de communication au public.

L’Observatoire Juif de France qui lutte contre le racisme, l’antisémitisme, le négationnisme, l’apologie du terrorisme et du nazisme sera toujours là pour poursuivre en justice les personnes qui s’attaquent à notre communauté et qui portent atteinte à l’intégrité Nationale."


Le Bureau contact@ojfrance.fr 


Nous tenons à remercier tous ceux qui ont collaboré au cas Boris Le Lay. La haine ne gagnera pas !

Nous vous l'avions promis, BTA fait le job.


dimanche 8 janvier 2023

Joseph Borne : le destin tragique d’un survivant d’Auschwitz

"C’est l’héritage de la nouvelle Première ministre, Elisabeth Borne. L’histoire de son père, Joseph Borne, né Bornstein, est un passé douloureux qu’elle n’aime pas aborder. Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, arrêté et déporté, il survécut au camp de concentration d’Auschwitz. Seulement, Joseph Borne se donne la mort en 1972, laissant sa fille, Elisabeth Borne, comme « pupille de la nation ». 
Les origines de Joseph Borne
Né en 1925, Joseph est le troisième garçon d’une fratrie de 4 : Léon (1921), Isaac (1923) et le plus jeune, Albert (1930). Ses parents, Anna et Zelig, ont fui la Pologne pour venir se réfugier en Belgique, à Anvers. Il grandit dans une famille juive et pratiquante. Ses parents trouvent du travail chez un diamantaire.

En 1939, la famille doit quitter le pays pour fuir les nazis qui se rapprochent. Ils se réfugient alors dans le sud de la France, à Toulouse, avant de s’installer à Nîmes. Cette même année, Anna, leur mère, décède à l’âge de 36 ans seulement. Les quatre garçons se retrouvent désormais seuls avec leur père.
Le nom de Joseph, Bornstein, se modifie au fil du temps. La guerre qui éclate, la persécution des juifs et sa migration vers le sud entraîneront sa simplification, devenant simplement Borne. D’abord inscrit sur de faux papiers, Joseph gardera finalement ce nom à l’état civil pour ne plus revivre cette période.

Les premières persécutions

En août 1942, alors que le régime de Vichy instaure la traque des juifs dans le pays, Joseph et son frère, Isaac, sont arrêtés devant leur domicile. Ces derniers commençaient à entrer en contact avec un réseau de résistants. Ils sont alors enfermés, puis incarcérés dans le camp de Rivesaltes. Néanmoins, leur père parviendra à les faire évader, en soudoyant un gardien.
« Zelig se rend à Rivesaltes et parvient à soudoyer un gardien, qui laisse Isaac et Joseph « s’évader ». Ils reviennent à Nîmes fin 1942 et décident de s’engager dans la résistance. »
Jean-Paul Boré, vice-président des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation du Gard.
Une photo de Joseph, son père et deux de ses frères, prise pendant la guerre. (Archives de la famille Borne extraites d'un livret d'hommage à Isaac Borne) - Cultea
Une photo de Joseph, son père et deux de ses frères, prise pendant la guerre (Archives de la famille Borne extraites d’un livret d’hommage à Isaac Borne)
À leur retour, ces derniers se rendent à Nîmes. Joseph, Isaac et Albert, le plus jeune de la fratrie, décident de s’engager au sein de l’Organisation juive de combat. Léon, l’aîné resté à Toulouse, est arrêté et sera déporté en 1943.

Les frères se font appeler Borne lorsqu’ils intègrent la résistance. De fait, leur mission consiste à convoyer des hommes et des femmes de Grenoble dans le Tarn, afin d’y rejoindre le maquis de Biques. Cette mission est dirigée par Abraham Polonski, fondateur de l’Organisation juive de combat. Joseph et Isaac font alors de nombreuses fois le trajet de Grenoble vers le Tarn, risquant leur vie à chaque fois.

L’arrestation et la déportation

Malheureusement, le 24 décembre 1943, des miliciens perquisitionnent l’appartement de la famille. Ils arrêtent les trois frères, ainsi que le père de famille. Joseph Borne émettra une hypothèse sur cette arrestation après la guerre.

« Envoyé en mission de liaison à Grenoble, j’ai probablement été suivi et ai été arrêté avec mon père et deux frères. Il est aussi possible que j’ai été dénoncé. »

Joseph Borne. (Citation dans un dossier de demande d’attribution du titre de déporté résistant, consulté par Le Point.)
Joseph, son père et ses frères, sont incarcérés à Drancy avant d’être déportés au camp d’extermination d’Auschwitz, le 20 janvier 1944. Les parents de Raymond Aubrac ainsi qu’Alfred Nakache sont également présents dans le convoi.

Malheureusement, la famille est séparée. Joseph et Isaac sont envoyés comme main-d’œuvre dans le camp de Buna, une usine de peinture qui travaille pour l’industrie de la guerre. Quant à Zelig et Albert, le jeune frère âgé de seulement 13 ans, ces derniers sont envoyés dans les chambres à gaz dès leur arrivée.

Les deux frères se soutiennent alors mutuellement et veillent l’un sur l’autre. Chacun a tiré sa force de l’autre et ils sont restés soudés dans l’enfer que leur faisait vivre Auschwitz.

« Isaac a reconnu que cette exigence envers eux-mêmes était peut-être ce qui les a sauvés. Joseph était épileptique. Il n’a pas eu une seule crise pendant sa déportation mais chaque matin, Isaac a vécu avec l’angoisse qu’une crise envoie son frère à la chambre à gaz. »

Jean-Paul Boré.
Lorsque l’armée russe progresse et gagne du terrain à l’est, le camp évacue les frères et ses prisonniers vers l’ouest, dans le camp de Buchenwald. Ainsi, l’armée américaine les libérera le 11 avril 1945, après plus d’un an d’emprisonnement.

Les dernières années de Joseph Borne
Lorsqu’ils reviennent en France, Joseph et Isaac sont accueillis par une bénévole, Marguerite, qui les enverra chez ses parents en Normandie. Ainsi, c’est dans le Calvados que Joseph va essayer de reprendre une vie normale. Les deux frères vont peu à peu reprendre goût à la vie, tandis que Joseph épousera Marguerite, avec qui il aura une fille en 1961 : Elisabeth Borne.
Joseph sera naturalisé français en 1948. Cependant, des documents consultés par Le Point constatent qu’il s’est battu pendant des années afin d’obtenir son statut de déporté résistant. En effet, le ministère des Anciens Combattants remettait en cause la vérité concernant ses actes de résistance. Finalement, son statut lui sera enfin accordé en 1962. Malheureusement, Joseph Borne se donnera la mort 10 ans plus tard, à l’âge de 48 ans. Les circonstances de sa mort ne sont pas réellement connues, mais certains proches la relient au traumatisme subit à Auschwitz, dont il ne se serait jamais remis.

L’ancien résistant et survivant du camp d’Auschwitz n’aura jamais voulu reparler de son passé. Son frère, Isaac, tentait tant bien que mal d’en parler avec lui, mais il refusait catégoriquement. Peut-être que tous ces traumatismes contenus en lui l’ont fait basculer, laissant derrière lui sa fille de 11 ans à l’époque, Elisabeth Borne, aujourd’hui devenue Première Ministre."
Isalyne Marlier.

BTA.