jeudi 12 janvier 2023

Dieudonné, ce bouffon opportuniste

Les fourberies de Dieudonné M’Bala M’Bala

Ce mardi 10 janvier 2022, Sur « Touche Pas à mon Poste » (TPMP), l’émission phare de la chaîne C8, qui se nourrit principalement de sujets scabreux et les traite d’une manière déplorable, l’inénarrable Cyril Hanouna a invité sur son plateau, l’avocat rémois de Dieudonné M’Bala M’Bala, Maître Emmanuel Ludot et le directeur de publication d’Israël Magazine, un journal franco-israélien qui ne se caractérise pas par son professionnalisme et son intelligence. Lors de cette émission, André Darmon vient expliquer pourquoi il aurait hésité mais a finalement décidé de publier un texte de Dieudonné dans son magazine. Sur son site Internet, sous le titre de « Dieudonné demande pardon à la communauté juive », Dieudonné se fend d’une lettre ubuesque où il écrit qu’il tient « à demander pardon à toutes celles et ceux que j’ai pu heurter, choquer, blesser au travers de certaines de mes gesticulations artistiques. Je pense notamment à mes compatriotes de la communauté juive, avec lesquels je reconnais humblement m’être laissé aller au jeu de la surenchère ». Surenchérissant, son avocat vient appuyer cette demande, en parlant d’une initiative dont il vante l’honnêteté et qui s’appuierait sur le modèle de la fête religieuse juive de Yom Kippour (le Grand Pardon), le jour le plus saint et le plus solennel de la religion juive consacrée à regretter les mauvaises actions et les mauvaises pensées qui ont été commises durant l’année écoulée et à demander pardon, à Dieu ainsi qu’à ses semblables, avec sincérité. Et, sur le plateau, le débat biaisé porte sur cette démarche. Faut-il permettre à Dieudonné d’adresser à la communauté juive des excuses et sont-elles sincères ?

Sauf que voilà, Dieudonné M’Bala M’Bala n’a pas à répondre de ses actes devant une quelconque religion ou au nom de quelconques préceptes religieux, mais devant la Justice de notre pays, seule habilitée à déterminer de sa culpabilité. Or, la justice française a condamné à plusieurs reprises ce multirécidiviste de la haine. Et ce n’est que devant la justice de notre pays, prononcée au nom du peuple français, que Dieudonné devra continuer de répondre des mots orduriers et qui ont été les siens. D’ailleurs et tout au long de ces années, de nombreux procès ont été intentés contre Dieudonné, dont plusieurs se soldent par des condamnations pour incitation à la haine raciale. Nous n’allons pas ici rendre compte de ces procédures judiciaires, tant elles sont nombreuses. Comme l’a rappelé un magistrat, lors d’une audience, son casier judiciaire est très fourni. Enfin et dans un autre domaine, en juin 2021, Dieudonné est condamné à deux ans ferme en appel pour abus de biens sociaux et fraude fiscale. Dernièrement, Noémie Montagne, son ancienne compagne, a porté plainte contre lui (mardi 25 octobre 2022). Elle l’accuse de « harcèlement » et d’ « escroquerie ».

Il était une fois, Dieudonné…

Il était une fois un jeune humoriste parmi les plus doués de sa génération. Pendant plusieurs années, de 1991 à 1997, le Franco-Camerounais Dieudonné M’bala M’bala est en tournée avec l’humoriste Elie Semoun. Un duo qui fonctionne bien. En même temps, Dieudonné bataille contre le Front national. C’est ainsi que, lors des législatives de 1997, Dieudonné se porte candidat à Dreux pour s’opposer à Marie-France Stirbois, représentante locale du Front national. Il est alors encensé par une partie de la gauche pour ses positions en faveur de la régularisation des sans-papiers ou du droit de vote des immigrés. Il est invité dans les émissions de radio et de télévision. Dieudonné plaît. Mais peu à peu il s’enferme, il catégorise, dénonce, puis stigmatise. Et un autre Dieudonné apparaît.

En 2000, Dieudonné se lance dans la réalisation d’un film sur le Code noir[1]. Il demande une aide à l’écriture au Centre national du cinéma (CNC), refusée en 2002. Selon Louis Sala-Molins, autre coauteur, le scénario était d’une « férocité totale », car « il fallait cogner », que le Français sache vraiment ce que fut sa politique négrière[2]. Mais voilà, très vite, Dieudonné impute ce refus aux prétendus « sionistes du CNC » qui pratiquent, selon lui, un « deux poids, deux mesures ». Un refus qui aurait été le déclencheur de ses prises de position ultérieures.

Il s’en expliquera d’ailleurs lors d’une interview qu’il accorde à Thierry Ardisson, dans son émission « Tout le monde en parle », sur France 2, le 11 décembre 2004. À L’animateur Thierry Ardisson qui lui demande « est-ce que vous n’auriez pas intérêt finalement à faire avancer la cause des Noirs plutôt que d’être l’ennemi de la cause sioniste ? », Dieudonné répond : « C’est sûr. Mais bon, tout a commencé avec ce projet de film sur le Code Noir, sur la traite négrière. Tout a commencé comme ça. Je vais voir les autorités de mon pays, le CNC, pour dire “Bon voilà je voudrais faire ce film”. Et là on m’envoie un courrier. On me dit : “Non. Ne faites pas un film”… Pourquoi ? Parce que c’est un sujet extrêmement délicat. 95 % des richesses aux Antilles appartiennent encore aux descendants d’esclavagistes. C’est un sujet difficile à ouvrir. Alors je leur dis : “Vous ne pouvez pas me dire ça. Vous avez financé tout un tas de films sur d’autres crimes contre l’humanité.”… Et là, j’ai compris que j’étais face à une sorte d’unicité dans la souffrance, face à la République, qui m’a extrêmement dérangée ». Mais dans son esprit, ce refus ne pourrait en aucun cas lui être imputable, quel que soit le scénario et sa « férocité totale ». Non, il lui faut un bouc-émissaire fantasmé, il est donc tout trouvé.

Dès lors, Dieudonné utilise un qualifiant (les sionistes) qui sert de repoussoir notamment dans les quartiers sensibles, mais aussi chez des arabo-musulmans, dans une partie de la gauche et à l’extrême-gauche. Mais, qui, dans sa langue, est utilisé à la seule fin de dénoncer les Juifs, dans leur globalité. Par ailleurs, ce choix – pour des raisons à la fois tactiques et politiques – est aussi la conséquence des procès perdus par Dieudonné. Celui-ci déclarait le 14 juillet 2005 sur le site des Ogres (aujourd’hui fermé) « Ben ! Je vous le dis (…) je ne prononce pas le mot Juif. Après mes différents procès, j’ai compris qu’il pouvait y avoir interprétation sur ce mot alors que sioniste, il n’y a pas d’interprétation possible[3] ».

En réalité, Dieudonné poursuit une stratégie que décrit Éric Marty, professeur à l’université Paris-VII[4]. En premier lieu, dénier la qualité de victimes aux Juifs en leur attribuant les signes de leurs propres bourreaux ; faire des Juifs les artisans du martyr noir et de l’esclavage ; se donner soi-même comme victime, en dénonçant le « lynchage » dont il se dit victime. Cet antisémitisme traverse également des mouvements radicaux noirs américains, les Black Panthers ou Nation of Islam, dont le chef est Louis Farrakhan[5]. Dieudonné tente de fédérer une communauté noire très dispersée, mais dont le ressentiment monte face à une République qui ne tiendrait pas ses promesses. Pour lui, les premières victimes du racisme sont les Noirs et les Maghrébins. Succès garanti dans certaines banlieues difficiles. C’est ainsi que la thématique du « tous pourris » imprègne ses spectacles.

Mais, c’est en décembre 2003, sur le plateau de « On ne peut pas plaire à tout le monde », le talk-show de Marc-Olivier Fogiel sur France 3, que son image médiatique commence sérieusement à se brouiller. Il interprète, en direct, un sketch polémique. Le visage masqué, il campe un colon israélien s’en prenant à Jamel Debbouze, présent autour de la table, qu’il qualifie d’« humoriste musulman », de « moudjahidine du rire ». Son personnage fait un salut fasciste, invitant les jeunes des cités à rejoindre « l’axe du bien américano-sioniste ». La provocation de trop. Lors du procès en première instance pour ce sketch, Dieudonné est encore soutenu par quelques personnalités, comme Robert Ménard, alors président de Reporters sans frontières ou l’ex-auteur des Guignols Benoît Delépine (de Canal+). Ce sont là d’éventuels témoignages de moralité. Mais, d’autres personnes assistent au procès, comme Ginette Skandrani, sexagénaire, environnementaliste alsacienne, foncièrement anti-israélienne, proche du négationniste Serge Thion[6]. Dans la salle, venu également le soutenir, Nouari Khiari, un militant connu pour ses violentes diatribes anti-israéliennes, animateur de manifestations des pro-voiles[7]. Nouari est également un proche de Farid Smahi, ex-conseiller régional FN d’Ile-de-France.

Et, les déclarations antisémites se multiplient alors. Dès lors, il n’est plus le bienvenu dans les studios. On ne veut plus l’inviter, on craint le scandale. La presse écrite hésite. Ses outrances provoquent des protestations. Des plaintes sont déposées. Or, en février 2005, à Alger, devant un public conquis, il se compare à Dreyfus et à Jésus, dessine le portrait d’une France où la parole serait interdite et où violer un bébé serait moins grave que de critiquer Israël[8]. Il jette en pâture certains noms (Patrick Bruel, Elie Wiesel, Bernard-Henri Lévy…) À l’issue de la conférence de presse donnée avant le spectacle, Dieudonné parle de la France, qu’il décrit en ces termes : c’est un « territoire occupé par le sionisme ». Il ajoute que « la Shoah est une pornographie mémorielle ».

Dieudonné et l’accusation de peuple déicide

A Alger, le 19 février 2005, dans le quotidien algérien L’Expression, Dieudonné affirme que « le sionisme, c’est le sida du judaïsme » : « Dire qu’on vit en France. Nous sommes des sous-citoyens. Nous n’avons pas les mêmes droits que les sionistes. Eux, dans une école, il suffit qu’un petit soit traité de sale Juif pour que tout le monde se lève. Pour moi, le sionisme, c’est le sida du judaïsme ». De jours en jours, Dieudonné radicalise un peu plus son propos et renforce définitivement son image d’antisémite. C’est ainsi également que le fiel du complotisme ne va plus le quitter, lorsqu’il est à l’étranger, en tournée dans un pays arabe et en Iran. Il en usera et il en abusera pour plaire à ses hôtes. Dieudonné cherche-t-il une consécration à l’étranger ? Oui, et c’est en Iran qu’il va la trouver. Il se rend en Iran et y rencontre le président Mahmoud Ahmadinejad. Là, Dieudonné participe à des interviews télévisées.

Lorsqu’il le peut et où qu’il soit, d’Iran en Syrie et de Syrie en Corée du Nord, il mène un combat contre le sionisme et les démocraties occidentales. Pour Dieudonné, le sionisme est une sorte de pieuvre tentaculaire qui dominerait le monde. Ce faisant, consciemment ou inconsciemment, il répercute les vieux mythes fondateurs de l’antisémitisme. Mais lorsqu’il parle du sionisme, Dieudonné ne veut pas seulement dénoncer une doctrine, et un nationalisme. Dieudonné y ajoute d’autres qualifications et considérations. Quoiqu’il se défende tactiquement d’être antisémite alors qu’il l’est, il voit dans cette dénonciation du sionisme, une expression commode, sorte de ramasse tout de substitution. Comme d’autres, avec cette dénonciation du sionisme, il prend tout ce qui l’arrange et qu’il veut délibérément et constamment dénoncer. Derrière le sionisme et l’État d’Israël, dans son esprit, se trouve forcément toujours le Juif, et toutes les représentations fantasmées et apocalyptiques autour du Juif. C’est ainsi que, par exemple, ce glissement sémantique a pu s’opérer le plus tranquillement du monde, lorsque Dieudonné est interviewé par la chaîne iranienne Sahar 1 en septembre 2011. Lors de l’entretien, Dieudonné lâche subitement que « le sionisme a tué le Christ » :

Sahar 1 : « Pourquoi le sionisme essaie tant de faire des crimes de par le monde ? »
Dieudonné : « C’est profondément une science du mensonge et une haine profonde de l’humanité. Il me semble que c’est une épreuve envoyée à l’Humanité, mais que nous allons dépasser. Le sionisme joue sur nos instincts les plus bas. Le sionisme partout où il arrive tente d’enlever les valeurs morales du pays (…) Il nous tente. C’est la tentation dont a parlé le Christ (…) Les valeurs islamiques arrivent partout dans le monde et c’est pour cela que le sionisme développe une communication islamophobe. Le sionisme a tué le Christ. C’est le sionisme qui prétendait que Jésus était le fils d’une putain (…) or, Jésus a annoncé la venue du prophète, euh… du messager ».

Cette qualification est ici appliquée sans la moindre hésitation et retenue, sciemment, pour rappeler dans l’imaginaire collectif ce vieux mythe. Car pendant des siècles, les chrétiens ont accusé le peuple juif d’être collectivement responsable de la mort de Jésus. C’est ce que l’on a appelé « l’accusation de peuple déicide ». Or, ce terme fait explicitement référence à la crucifixion de Jésus-Christ et porte une signification particulière, celle de « meurtrier de Dieu ». Dans cette interview, lorsque Dieudonné invoque le « sionisme » pour imputer aux Juifs la mort de Jésus et les malheurs de l’humanité, il parle abusivement et mensongèrement d’une idéologie, le sionisme, pourtant postérieure de quelque dix-neuf siècles à la mort de Jésus.

Dieudonné, le négationnisme et Robert Faurisson

Mais, surtout, Dieudonné a un grand ami, le négationniste Robert Faurisson. Le 28 décembre 2008, au Zénith de Paris, Dieudonné remet à Faurisson « un prix de l’infréquentabilité et de l’insolence » devant 5.000 spectateurs et le gratin de l’extrême droite. Jean-Marie Le Pen est accompagné de son épouse Jany et de sa fille Marie-Caroline, ainsi que Patrick Bourson, l’associé du leader frontiste dans une affaire de champagne. Dans la salle, l’essayiste Alain de Benoist, Dominique Joly, un conseiller régional FN élu sur la liste de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, un ancien dirigeant du GUD, et Marc Georges, alias Marc Robert, coordinateur de la campagne de Dieudonné pour la présidentielle de 2007. « Il y avait aussi des gens d’extrême gauche », tente de rééquilibrer le polémiste, qui toutefois refuse de donner des noms : « Je ne veux gêner personne. » La militante propalestienne Ginette Skandrani confirme sa présence, non loin du leader radical noir Kémi Seba, dont le mouvement Tribu Ka a été dissous en 2006 par le ministère de l’Intérieur. Il est sur scène, il s’amuse comme un petit fou. Juste avant d’accueillir Faurisson, il fait monter Jacky, son acolyte[9]. Jacky est en chemise de nuit avec une énorme étoile jaune sur la poitrine. La salle adore. Jacky ne comprend pas pourquoi il doit se déguiser en Juif. « C’est pour que les gens n’oublient pas ! » hurle Dieudonné[10]. Et Jacky, ovationné par le public, quitte la salle en bêlant : « N’oubliez pas ! » Sur scène, Faurisson se voit remettre un trophée en forme de chandelier sur lequel sont plantées des pommes par un technicien (Jacky) habillé en pyjama à carreaux, avec une étoile jaune sur la poitrine et le mot juif inscrit dessus, évoquant un déporté juif. En mars 2009, Dieudonné hilare filme un sketch avec le même Faurisson qui à cette occasion est coiffé d’une kipa. Puis il réalise un long-métrage « L’Antisémite », coproduit avec une société iranienne. Le film n’est pas diffusé en salles mais commercialisé sur Internet pour ses seuls abonnés. Il est présenté le 15 janvier 2012 en avant-première au théâtre de la Main d’or. Dieudonné y interprète le rôle principal : un homme alcoolique et violent, déguisé en officier nazi pour un bal costumé. Robert Faurisson y joue également pendant quelques minutes son propre rôle, tandis que la Shoah y est personnifiée en sainte.

Le premier extrait (de 3 minutes) de « L’Antisémite » est accessible sur Internet. La date de sortie officielle est le 21 mars 2012. Dans ce court extrait, sur fond de piano tourné avec une couleur très années 1920, on peut voir un Américain, William Murdock (qui joue son propre rôle) inspecter une chambre à gaz. On reconnaît Jacky, son technicien, qui porte l’habit rayé des déportés. Le film n’est pas diffusé en salles mais commercialisé sur Internet pour ses seuls abonnés. Il est présenté le 15 janvier 2012 en avant-première au Théâtre de la Main d’or. Pour comprendre ce dont il s’agit, nous reproduisons l’extrait suivant :

« Le narrateur : Alors, arrivés à Auschwitz, les Alliés découvrent un spectacle d’horreur et de désolation.
Un prisonnier (à un autre gros prisonnier fumant la pipe) : Dégage !… On filme l’histoire !
Le prisonnier : S’il vous plaît ! À manger !
Le narrateur : L’officier américain William Murdock dira… 
William Murdock : Tiens ! Bouffe !
Le narrateur : L’humanité tout entière s’est vue à jamais marquée du fer rouge de la barbarie ! Grâce à un système de tuyauterie particulièrement ingénieux et complexe, le gaz était acheminé jusqu’à l’intérieur de la pièce.
William Murdock : Oh my God ! Oh mon Dieu !
Le narrateur : Sur la porte de cette chambre à gaz est inscrit SALICH DOUCHE : salle de douches.
William Murdock : Les preuves irréfutables…
Le narrateur : C’est dans une chambre à homicide comme celle-ci que le régime nazi a gazé deux millions de Juifs et quelques autres manants, sans conséquence.
Un personnage (au sujet du gaz): Mais comment ça marche ?
Un personnage (sous la douche qui coule) : C’est incroyable !
Le narrateur : Plus de 80 déportés étaient entassés dans cet endroit réduit pour y être asphyxiés.
Un personnage : Les fameuses douches… 
Un autre : Mais d’où venait le gaz ?
Le narrateur : Le gaz utilisé pour tuer était le Zyklon B. Les corps étaient transportés au crématorium central jusqu’à des crématoriums de fortune comme celui-ci [mini-barbecue], qui servaient à incinérer des nourrissons.
Un personnage (au sujet du Zyklon B) : Je peux l’emporter ? Ça peut toujours servir !
Un personnage (tirant une fourchette du barbecue) : Une fourchette ? – Euh… On coupera au montage.
Un personnage (tirant des os de poulet du barbecue) : Des os de poulet ? – Euh… Non ! Des os d’enfants.
Le narrateur : D’autres corps étaient dépecés, et les peaux utilisées pour faire des fauteuils en cuir…
Un prisonnier (désignant un fauteuil) : Attention ! Vous vous asseyez sur ma grand-mère !
Le narrateur : … ou bien encore de luxueux abat-jours particulièrement prisés par la bourgeoisie nazie.
Un personnage : Ça aussi, c’est en peau de Juif ? – Bien sûr !
Le narrateur : Malgré cet amoncellement de preuves irréfutables, il s’en trouvera encore pour nier la Shoah ! »

On voit bien dans cet extrait, défiler toute la stratégie mise en œuvre par Dieudonné. Le crime est totalement ridiculisé, il est décontextualisé et devient un objet de moquerie, de drôlerie, de bouffonnerie. Et là, s’opère également sa négation. C’est ainsi que le négationnisme fonctionne chez Dieudonné. Il est couplé avec toutes les ficelles de l’antisémitisme. Mais, cette stratégie et cette convergence avec Robert Faurisson correspondent aussi à une vision du monde que Dieudonné résume dans une interview publiée par l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol, le 11 mars 2011. Cette citation condense probablement tout ce que Dieudonné entend, comprend et veut débiter. Elle explique aussi pourquoi et comment Dieudonné s’est entiché de Faurisson, tout au long de ces années : « Les grands vainqueurs de la dernière guerre mondiale ce sont les sionistes. On a eu pendant la guerre l’occupation allemande ; aujourd’hui, c’est l’occupation sioniste. Non seulement la guerre n’est pas terminée, mais elle se durcit car l’occupant est pire que les précédents. » 

Comment s’étonner dans ces conditions qu’en octobre 2018, Dieudonné pleure la mort du négationniste ? Véritablement triste, il s’exclame : « Robert Faurisson nous a quittés, je perds un ami, un homme exceptionnel qui m’a beaucoup inspiré. Je sais que la soif de vérité à laquelle il était enchaîné est à présent apaisée, elle aura fait de sa vie une œuvre incomparable. Dans un monde normal, ta place sera au Panthéon […] Tu es le seul homme pour qui je vais m’imposer un devoir de mémoire ».

Dieudonné joue la victime

Dieudonné se nourrit des polémiques qu’il alimente. Comme Jean-Marie Le Pen en son temps – qui calculait sciemment ce qu’il voulait dire et comment il fallait le dire – Dieudonné se nourrit des polémiques qu’il engendre, des mots lâchés, sciemment. Cela participe à la fois de la promotion de ses shows et du business qui va avec. Plus on parle – fût-ce en mal – de lui, plus il en tire des bénéfices. Car la promotion du « spectacle » ne se fera que si elle est accompagnée de phrases assassines. Bien évidemment, il va être très critiqué. Mais, après tout, n’est-ce pas ce que son public attend et réclame ? Dieudonné ne fait pas dans la vertu, il se nourrit du grossier, il affectionne le scandale. Il transgresse, c’est le job. Il ne doit pas le faire à moitié, mais totalement. Et plus c’est gros, plus cela porte et fidélise ses fans. Il doit y voir un autre avantage. Dieudonné cherche à faire passer des messages. Son combat est politique, nous le pensons. C’est ainsi qu’il ne s’agit pas seulement de gagner de l’argent, même s’il aime l’argent. Si tel est bien le cas, il aurait pu le faire autrement, sans aller aussi loin, probablement. Les phrases délivrées constituent également un argumentaire, fût-il sordide, fût-il scabreux, pour « éduquer » son public. Enfin, et pour terminer, Dieudonné aime jouer la victime. C’est un répertoire et un rôle qu’il affectionne particulièrement. Dieudonné se veut en « martyr » du système et des lobbies, comme un saint, comme Jésus. C’est en tout cas l’image qu’il aime donner de lui. C’est aussi cela la promotion du « spectacle », pas seulement lancer une phrase, mais jouer pleinement le registre de la victimisation. Il n’est pas le seul bien sûr à le faire. Ils sont nombreux à affectionner ce rôle. Mais Dieudonné en connaît tous les registres. Comme pour rappeler à son public qu’il paye cher le fait de pointer du doigt. C’est un registre qu’il affectionne particulièrement, comme Jean-Marie Le Pen, en son temps. C’est un registre qu’il connaît par cœur et dont il use et abuse régulièrement.

Pardonner ?

Dans ces conditions quel crédit accorder à un activiste antisémite et négationniste lorsqu’il vient demander pardon à la communauté juive ?

Les fourberies de Dieudonné, je connais. J’ai eu l’occasion avec mes camarades de SOS Racisme, de l’UEJF, de la LICRA et du MRAP et d’autres associations, de le voir, de l’entendre, de le regarder, et de l’affronter, lors de différentes audiences.

J’ai vu son petit rire moqueur lorsqu’au tribunal, l’on projetait quelques-unes de ces vidéos « assassines ». J’ai vu sa satisfaction, son orgueil démesuré et sa brutalité. L’homme (en bermuda) devant les juges, sans attendre de nous entendre, je l’ai vu se régaler de ses saillies misérables et racistes. Je l’ai vu également sur Internet, se régaler de ses mots/maux et exciter son public, notamment les jeunes de banlieue, jetant comme on jetterait aux chiens, des os. Lui, Dieudonné M’Bala M’Bala jetait en pâture les Juifs, avec une expression particulière du visage et un sourire carnassier…

Alors, pardonner ? Jamais. Par contre, nous continuerons de le traîner devant les tribunaux, afin que justice soit rendue.


Marc Knobel est historien, il a publié en 2012, l’Internet de la haine (Berg International, 184 pages). Il publie chez Hermann en 2021, Cyberhaine. Propagande, antisémitisme sur Internet.


[1] Rédigé sous l’autorité de Colbert, et promulgué par Louis XIV, le Code noir réglemente l’esclavage aux Antilles. En un préambule et soixante articles, il règle dans les possessions françaises d’outre-Atlantique « l’état et la qualité des esclaves » en les qualifiant de bêtes de somme ou de purs objets.

[2] Anne-Sophie Mercier, Dieudonné démasqué, Paris, Le Seuil, 2009, p. 63.

[3] Cité par Cindy Leoni, « Dieudonné, multirécidiviste », Libération, 3 janvier 2014, p. 21.

[4] Éric Marty, « Que Dieudonné se rassure ! », Le Monde, 7 mars 2004.

[5] Sur ce sujet voir l’article de Philippe Boulet-Gercourt, « États-Unis : les noirs antijuifs », Le Nouvel observateur, 24 février – 2 mars 2005.

[6] Ancien professeur de littérature à l’université Lyon-II, cette figure de l’ultra-gauche négationniste consacre sa vie à expliquer que les chambres à gaz n’ont jamais existé. Son engagement lui a valu des procès qu’il a toujours perdus.

[7] Claude Askolovitch, « Dieudonné. Enquête sur un antisémite », Le Nouvel observateur, 24 février – 2 mars 2005.

[8] Selon Jean-Marcel Bouguereau dans « Terrifiante comptabilité », Le Nouvel Obs, 21 février 2005.

[9] Marianne, « Jacky Sigaux, le régisseur », 11 au 17 janvier 1014, page 19.

[10] Dans un éditorial intitulé « Hitler et Voltaire » dans L’Express en date du 15 janvier 2014, Christophe Barbier écrit : « Dieudonné n’est pas un humoriste, il est un propagandiste ; il n’est pas politiquement incorrect, il est idéologiquement infect. Ceux qui vont l’applaudir sont des coupables s’ils partagent ses thèses ou des complices s’ils cautionnent sa pensée par leur présence et leur rire tout en plaidant la naïveté ».


Nous remercions Marc Knobel pour cette très juste analyse. Ni oubli ni pardon.

BTA


lundi 9 janvier 2023

Boris Le Lay poursuivi une nouvelle fois pour incitation à la haine


Après le reportage du Télégramme au Japon constatant que le néonazi breton Boris Le Lay y résidait bien, des voix s’élèvent pour que la justice obtienne son extradition. 

Le néonazi breton Boris Le Lay vit bien au Japon, à Kashiwa. En février dernier, un hacker était parvenu à faire tomber son site Démocratie participative, et à récupérer de très nombreuses données, dont son adresse personnelle. L’ultranationaliste breton y réside toujours, comme nous avons  pu le constater il y a quelques jours. « Il a été condamné de nombreuses fois à de la prison. On connaît son adresse. Pourquoi n’est-il pas interpellé et extradé ? », questionnaient plusieurs lecteurs, au lendemain de ce reportage: https://www.balancetonantisemite.com/search/label/Boris%20Le%20Lay 

De nouvelles plaintes en cours.

L'équipe Balance Ton Antisémite, aujourd'hui en contact avec l'association Japonaise "CRAC", constitue actuellement des dossiers délivrés aux différentes associations française, dont la Dilcrah (Délégation interministérielle en charge de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine LGBT) ainsi qu'à l'association japonaise en charge de cette affaire.

L'Observatoire Juif de France dépose plainte.

Communiqué de L'Observatoire Juif de France:

"L’Observatoire Juif de France a déposé une nouvelle plainte devant Monsieur le Procureur de la République, contre Boris Le Lay, le néonazi exilé au Japon, suite à la publication d’un article sur son site « Démocratie Participative ». 

Cette fois-ci, suite à un Tweet de la journaliste Pascale Clarke, concernant l’affaire « LOLA » qui a bouleversé toute la France, Boris Le Lay se permet d’écrire : « Par « extrême-droite », la juive Pascale Clarke désigne tous les goyims blancs qui ont encore un instinct de survie en France. »

« Ce faciès hébraïque difforme vous communique son envie de tuer vos enfants et d’en rire »

L’auteur a mis également dans cet article une photo-montage où la victime est assortie d’une étoile jaune rappelant des heures les plus sombres de l’Histoire et incluant le mot « juif » placé comme une insulte, par différentialisme nazi : 


L’article est de surcroît à forte teneur antisémite et incite à l’aryanisme nazi, les juifs y étant odieusement dépeints comme une race de parasites racistes anti-blancs au comportement nuisible s’infiltrant dans la société dite « aryenne ».

La plainte de l’Observatoire Juif de France vise plusieurs griefs, dont provocation à la discrimination nationale raciale religieuse ainsi que diffamation envers particulier(s) en raison de sa race, de sa religion ou de son origine, et ce, par parole, écrit, image ou moyen de communication au public.

L’Observatoire Juif de France qui lutte contre le racisme, l’antisémitisme, le négationnisme, l’apologie du terrorisme et du nazisme sera toujours là pour poursuivre en justice les personnes qui s’attaquent à notre communauté et qui portent atteinte à l’intégrité Nationale."


Le Bureau contact@ojfrance.fr 


Nous tenons à remercier tous ceux qui ont collaboré au cas Boris Le Lay. La haine ne gagnera pas !

Nous vous l'avions promis, BTA fait le job.


dimanche 8 janvier 2023

Joseph Borne : le destin tragique d’un survivant d’Auschwitz

"C’est l’héritage de la nouvelle Première ministre, Elisabeth Borne. L’histoire de son père, Joseph Borne, né Bornstein, est un passé douloureux qu’elle n’aime pas aborder. Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, arrêté et déporté, il survécut au camp de concentration d’Auschwitz. Seulement, Joseph Borne se donne la mort en 1972, laissant sa fille, Elisabeth Borne, comme « pupille de la nation ». 
Les origines de Joseph Borne
Né en 1925, Joseph est le troisième garçon d’une fratrie de 4 : Léon (1921), Isaac (1923) et le plus jeune, Albert (1930). Ses parents, Anna et Zelig, ont fui la Pologne pour venir se réfugier en Belgique, à Anvers. Il grandit dans une famille juive et pratiquante. Ses parents trouvent du travail chez un diamantaire.

En 1939, la famille doit quitter le pays pour fuir les nazis qui se rapprochent. Ils se réfugient alors dans le sud de la France, à Toulouse, avant de s’installer à Nîmes. Cette même année, Anna, leur mère, décède à l’âge de 36 ans seulement. Les quatre garçons se retrouvent désormais seuls avec leur père.
Le nom de Joseph, Bornstein, se modifie au fil du temps. La guerre qui éclate, la persécution des juifs et sa migration vers le sud entraîneront sa simplification, devenant simplement Borne. D’abord inscrit sur de faux papiers, Joseph gardera finalement ce nom à l’état civil pour ne plus revivre cette période.

Les premières persécutions

En août 1942, alors que le régime de Vichy instaure la traque des juifs dans le pays, Joseph et son frère, Isaac, sont arrêtés devant leur domicile. Ces derniers commençaient à entrer en contact avec un réseau de résistants. Ils sont alors enfermés, puis incarcérés dans le camp de Rivesaltes. Néanmoins, leur père parviendra à les faire évader, en soudoyant un gardien.
« Zelig se rend à Rivesaltes et parvient à soudoyer un gardien, qui laisse Isaac et Joseph « s’évader ». Ils reviennent à Nîmes fin 1942 et décident de s’engager dans la résistance. »
Jean-Paul Boré, vice-président des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation du Gard.
Une photo de Joseph, son père et deux de ses frères, prise pendant la guerre. (Archives de la famille Borne extraites d'un livret d'hommage à Isaac Borne) - Cultea
Une photo de Joseph, son père et deux de ses frères, prise pendant la guerre (Archives de la famille Borne extraites d’un livret d’hommage à Isaac Borne)
À leur retour, ces derniers se rendent à Nîmes. Joseph, Isaac et Albert, le plus jeune de la fratrie, décident de s’engager au sein de l’Organisation juive de combat. Léon, l’aîné resté à Toulouse, est arrêté et sera déporté en 1943.

Les frères se font appeler Borne lorsqu’ils intègrent la résistance. De fait, leur mission consiste à convoyer des hommes et des femmes de Grenoble dans le Tarn, afin d’y rejoindre le maquis de Biques. Cette mission est dirigée par Abraham Polonski, fondateur de l’Organisation juive de combat. Joseph et Isaac font alors de nombreuses fois le trajet de Grenoble vers le Tarn, risquant leur vie à chaque fois.

L’arrestation et la déportation

Malheureusement, le 24 décembre 1943, des miliciens perquisitionnent l’appartement de la famille. Ils arrêtent les trois frères, ainsi que le père de famille. Joseph Borne émettra une hypothèse sur cette arrestation après la guerre.

« Envoyé en mission de liaison à Grenoble, j’ai probablement été suivi et ai été arrêté avec mon père et deux frères. Il est aussi possible que j’ai été dénoncé. »

Joseph Borne. (Citation dans un dossier de demande d’attribution du titre de déporté résistant, consulté par Le Point.)
Joseph, son père et ses frères, sont incarcérés à Drancy avant d’être déportés au camp d’extermination d’Auschwitz, le 20 janvier 1944. Les parents de Raymond Aubrac ainsi qu’Alfred Nakache sont également présents dans le convoi.

Malheureusement, la famille est séparée. Joseph et Isaac sont envoyés comme main-d’œuvre dans le camp de Buna, une usine de peinture qui travaille pour l’industrie de la guerre. Quant à Zelig et Albert, le jeune frère âgé de seulement 13 ans, ces derniers sont envoyés dans les chambres à gaz dès leur arrivée.

Les deux frères se soutiennent alors mutuellement et veillent l’un sur l’autre. Chacun a tiré sa force de l’autre et ils sont restés soudés dans l’enfer que leur faisait vivre Auschwitz.

« Isaac a reconnu que cette exigence envers eux-mêmes était peut-être ce qui les a sauvés. Joseph était épileptique. Il n’a pas eu une seule crise pendant sa déportation mais chaque matin, Isaac a vécu avec l’angoisse qu’une crise envoie son frère à la chambre à gaz. »

Jean-Paul Boré.
Lorsque l’armée russe progresse et gagne du terrain à l’est, le camp évacue les frères et ses prisonniers vers l’ouest, dans le camp de Buchenwald. Ainsi, l’armée américaine les libérera le 11 avril 1945, après plus d’un an d’emprisonnement.

Les dernières années de Joseph Borne
Lorsqu’ils reviennent en France, Joseph et Isaac sont accueillis par une bénévole, Marguerite, qui les enverra chez ses parents en Normandie. Ainsi, c’est dans le Calvados que Joseph va essayer de reprendre une vie normale. Les deux frères vont peu à peu reprendre goût à la vie, tandis que Joseph épousera Marguerite, avec qui il aura une fille en 1961 : Elisabeth Borne.
Joseph sera naturalisé français en 1948. Cependant, des documents consultés par Le Point constatent qu’il s’est battu pendant des années afin d’obtenir son statut de déporté résistant. En effet, le ministère des Anciens Combattants remettait en cause la vérité concernant ses actes de résistance. Finalement, son statut lui sera enfin accordé en 1962. Malheureusement, Joseph Borne se donnera la mort 10 ans plus tard, à l’âge de 48 ans. Les circonstances de sa mort ne sont pas réellement connues, mais certains proches la relient au traumatisme subit à Auschwitz, dont il ne se serait jamais remis.

L’ancien résistant et survivant du camp d’Auschwitz n’aura jamais voulu reparler de son passé. Son frère, Isaac, tentait tant bien que mal d’en parler avec lui, mais il refusait catégoriquement. Peut-être que tous ces traumatismes contenus en lui l’ont fait basculer, laissant derrière lui sa fille de 11 ans à l’époque, Elisabeth Borne, aujourd’hui devenue Première Ministre."
Isalyne Marlier.

BTA.

vendredi 30 décembre 2022

PALESTINE

Palestine : Symptômes alarmants chez les gouvernants : anamnèse

[18 octobre 2022]


Pas une, pas deux, mais trois Palestine !



Si les Français prennent majoritairement le parti de « la Palestine » contre Israël, c’est parce que cet État fantôme est la métaphore contemporaine de Gavroche. À l’inverse, en 74 ans d’existence, l’État juif a acquis, dans l’inconscient collectif, tous les défauts dont on accusait les Juifs errants avant sa naissance. David est devenu Goliath et les Palestiniens, dotés de 1,3 milliard de frères milliardaires en or noir, sont les petits pauvres préférés de l’Occident.


Dans les faits, il existe déjà trois Palestine : la première est la Jordanie, née en 1949 sur 77 % de la Palestine sur laquelle la SDN (mère de l’ONU) avait donné mandat à la Grande-Bretagne de favoriser la création d’un Foyer national juif. La deuxième est Gaza, égyptienne jusqu’en 1967, occupée par Israël de 1967 à 2005, administrée par l’Autorité palestinienne de 2005 à 2007 puis, à la faveur d’un coup d’État, par le Hamas depuis lors. La troisième est la Cisjordanie, dont 80 % des habitants relèvent de l’administration de Mahmoud Abbas élu pour quatre ans le 19 janvier 2005.


La pauvreté est à « la Palestine » ce que l’objectivité est aux médias : un leurre


Les dépenses publiques en Palestine se sont élevées en moyenne à 642,79 millions de dollars par trimestre de 2011 à 2021, atteignant un sommet historique de 971 millions USD au quatrième trimestre de 2017 et un minimum record de 443,10 millions USD au premier trimestre de 2014.


Au troisième trimestre 2021, elles atteignaient 937,80 millions de dollars, contre 910,10 millions le trimestre précédent. Source : Bureau central palestinien des statistiques.


En 2021, le PIB s’est élevé à 4,721 milliards d’euros (Économies Pays). La singularité de la Palestine, c’est que ses recettes ne proviennent pas de la production nationale, mais des subventions internationales, essentiellement en provenance des États-Unis et de l’Union européenne.




Si le taux de chômage dépasse 28 %, il y a quand même 1700 millionnaires… à Gaza seul. Sur 1,8 million d’habitants, ça fait presque un millionnaire pour mille habitants !


Cette information provenant de l’Autorité palestinienne, elle, concerne exclusivement le frère ennemi :


« « Il y a 1.700 millionnaires du Hamas à Gaza », a révélé Ahmad Assaf, un porte-parole du Fatah palestinien, au journal israélien Erem News. Il a insinué que ce groupe s’est enrichi avec les tunnels creusés à la frontière avec l’Égypte, qui permettent de faire passer des marchandises de contrebande sur lesquelles il prélevait des droits de passage très élevés qui ont aussi permis de financer le Hamas (Business AM). »


Abbas lui-même s’en était plaint à The Economist en 2012. Est-ce à dire qu’il n’y a ni corruption ni millionnaire à Ramallah ?


Tradition corruption


La corruption n’est pas un phénomène récent et encore moins exclusif de Gaza.


Le 5 avril 2006, une enquête interne avait révélé qu’au moins 700 millions de dollars issus des caisses de l’Autorité palestinienne avaient été dilapidés ou volés par des fonctionnaires (Al Jazeera). Au total, ces détournements portaient sur une cinquantaine de cas de corruption financière et administrative. Dix mandats d’arrêt internationaux avaient été délivrés. Selon Mohammed Rashid, conseiller financier de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas aurait détourné 100 millions de dollars (JCPA).


Le 10 juillet 2012, il avait été accusé de corruption avec ses deux fils, Tarek et Yasser, par le Congrès des États-Unis (Haaretz).


En 2018, Mahmoud Abbas lui-même s’était acheté un jet privé, financé conjointement par le budget de l’Autorité Palestinienne (à hauteur de 20 millions de dollars) et par le Fonds national palestinien (pour 30 millions de dollars) (Times of Israel).




La misère a l’air effectivement moins dure au soleil… mais pas pour tout le monde : l’info avait été publiée en janvier 2018, au moment où Trump menaçait de limiter les largesses américaines en direction de la Palestine et où Saeb Erekat, ancien « négociateur de paix » avait déclaré que cette mesure annonçait « la famine pour les enfants réfugiés palestiniens. (Times of Israel) »


Trois ans plus tôt, le Président à vie s’était déjà fait construire un somptueux palais avec deux héliports (au cas où le premier serait surchargé ?) à Ramallah.


Le budget prévu était de 17,5 millions de dollars, ce qui n’est pas cher pour 4700m2 habitables même en comptant les inévitables dépassements. Le problème était d’ordre communicationnel : le Pallyweak a en même temps fait fuiter que :


Khaldi, un conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, avait demandé au ministre des Affaires étrangères de Bahreïn 4 millions de dollars pour financer un complexe de quartier privé pour les diplomates palestiniens à Ramallah, que

Nazmi Muhanna, directeur général de l’Autorité palestinienne des passages et des frontières, demandait au gouvernement de payer la scolarité de sa fille, et que

50 000 dollars avaient été remis à Yasser Abbas, le fils de Mahmoud, qui venait d’acheter plusieurs appartements dans un complexe situé dans un quartier prestigieux de Ramallah (AlAraby).

Amis bienfaiteurs palestinolâtres, séchez vos larmes, il existe bien un quartier prestigieux à Ramallah, où les luxueuses villas n’ont rien à envier à celles de Malibu (à part Pamela Anderson, peut-être ?)


Vu les scandales à répétition, en 2017, le Président a finalement fait don de la personne de son palais présidentiel pour le transformer en bibliothèque nationale palestinienne, la première du genre, a indiqué à l’AFP le ministre de la Culture (i24News).




La corruption de l’Autorité palestinienne est un secret de Polichinelle


Seuls les pro-palestiniens qui croient au Père Mahmoud l’ignorent, ce qui leur demande un certain effort. Il leur faut commencer par snober AMAN. AMAN, acronyme en arabe de Coalition pour la responsabilité et l’intégrité, a publié son quatorzième rapport en 2021. Il cite les malversations diverses et variées :


« L’État de droit est faible, à la fois parce que le parlement ne se réunit jamais pour adopter des lois et en raison de l’ingérence de l’exécutif… Les emplois gouvernementaux, qui sont prisés en raison de la faiblesse de l’économie privée, sont attribués sur la base du népotisme plutôt que du mérite… Les droits d’importation sur les automobiles sont élevés, mais les gros bonnets y échappent souvent… Les services de sécurité sont toujours des armées mexicaines pléthoriques, comme sous Arafat… De fortes sommes sont dépensées pour des entités inexistantes, exemple : ‘des salaires et des augmentations ont été versés aux employés d’une compagnie aérienne qui n’existe plus au sol’. »


La conclusion d’AMAN laisse peu de place à l’optimisme :


« L’absence de réunion du Conseil législatif palestinien, la poursuite des divisions internes et le visible recul du respect des droits de l’homme ont constitué des facteurs négatifs perturbant la responsabilité des autorités vis-à-vis du peuple et les efforts de lutte contre la corruption(Aman). »


Il faudrait de la volonté politique pour lutter contre la corruption


En octobre 2016, le Royaume-Uni a suspendu temporairement son aide financière à l’Autorité palestinienne, accusée de détourner l’aide financière internationale à des fins terroristes (the Sun). L’American Jewish Committee a suggéré que les autres pays européens, qui sont des soutiens financiers de l’AP et des supporters inconditionnels de son « dirigeant démocratiquement élu », à s’inspirer de cette démarche.


À l’époque (2016), l’Union Européenne versait 335 milliards de dollars d’aide annuelle à l’Autorité palestinienne, plus les contributions individuelles des États membres. Cette année-là, la France avait participé à hauteur de 8 millions d’euros au renflouement de l’Autorité Palestinienne (AJC Paris).




En 2021, la ministre des Affaires étrangères suédoise s’est rendue en Israël et en Cisjordanie. Elle a admis que la corruption endémique dans cette dernière rendait inefficace le soutien à la bien-aimée cause palestinienne :


« Si nous voulons être en mesure de soutenir pleinement le développement économique, nous ne pouvons pas accepter un niveau de corruption tel qu’il existe en Palestine (Radio Sweden) » a-t-elle expliqué à ses compatriotes.


Le Royaume-Uni et la Suède sont les seuls à avoir réagi à la corruption palestinienne. Est-ce parce que ce sont deux monarchies ou parce que la volonté politique n’est pas en vente sur LeBonCoin ?


Même en interne, des caves se rebiffent


En juin 2020, Yasser Jadallah, ancien conseiller principal du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a quitté Ramallah pour Bruxelles, où il a demandé l’asile politique. Il a révélé la corruption et le détournement de fonds pratiqués par le Président et ses complices haut placés dans son administration. Et surtout, il a transmis à l’UE et aux autorités belges tous les documents qu’il possédait sur la corruption de l’AP (Bridges for Peace).


Dans une vidéo publiée par une agence de presse palestinienne associée au Hamas, (qui n’est donc certainement pas désintéressée), Jadallah a affirmé que les fonds du ministère palestinien des Finances répertoriés dans la rubrique « Aide de l’UE et des États arabes » étaient pour la plupart transférés à la présidence palestinienne et, de là, sur des comptes secrets portant pour les uns, des noms fictifs, pour d’autres ceux des petits-enfants d’Abbas, noms qui étaient connus de trois personnes seulement : Mahmoud Abbas, sa secrétaire particulière Mme Intesar Abu Amara, et Mahmoud Salameh, chef de cabinet adjoint au bureau du président de l’Autorité palestinienne. « Nous avons transmis ces informations aux députés européens », déclare Yasser Jadallah dans la vidéo (YouTube sous-titrée en anglais).


Les histoires de corruption dans l’organisation de l’Autorité Palestinienne sont monnaie courante dans la rue palestinienne. La vidéo de Jadallah y a circulé via WhatsApp et elle a suscité beaucoup d’intérêt. Si on ne connaissait pas le tropisme pro-palestinien européen, on pourrait s’étonner de trouver zéro réponse de Google en français, quand on associe les noms du Président palestinien et de son accusateur…




L’hôpital qui se moque de la charité


Le 14 janvier 2022, l’agence de presse palestinienne Qods, connue pour son opposition à Mahmoud Abbas, a rapporté qu’il avait signé un décret présidentiel modifiant la fonction de la « fondation pour aider à la création et/ou au développement d’un hôpital spécial [pour le cancer] et/ou de départements spécialisés dans le traitement du cancer dans les hôpitaux publics ou privés de Palestine.1»


Ce changement, qui permet de transférer les fonds collectés pour le nouvel hôpital à des départements d’hôpitaux déjà existants, a été effectué alors que des sommes considérables avaient déjà été collectées pour le projet auprès du public palestinien, y compris par le biais de déductions sur les salaires des employés de l’AP.


La décision a été qualifiée de corruption et de détournement de fonds publics. Le journaliste Majed Al-‘Arouri a appelé à la création d’un comité d’enquête national. La Coalition populaire pour le changement et d’autres associations ont menacé de lancer des protestations contre l’AP et un groupe d’enseignants palestiniens a présenté une demande officielle pour qu’elle leur rembourse les fonds qui avaient été déduits de leurs salaires pour la construction de l’hôpital. Abbas s’est défendu en prétendant que les sommes collectées n’auraient pas suffi pour construire tout un hôpital, mais il n’a donné aucun chiffre.


AP et Hamas, frères ennemis contre la paix, amis en corruption


En 2019, une affaire complexe de fraude, de corruption et de blanchiment d’argent avait été révélée (TPS). Il s’agissait de hauts fonctionnaires de l’Autorité palestinienne qui transféraient des fonds aux terroristes du Hamas s’entraînant en Malaisie : des documents officiels de l’AP montrent que Mahmoud Al-Habash était au centre de cette affaire de corruption. Il cumulait les titres de juge suprême de la charia dans l’AP, conseiller de Mahmoud Abbas pour les affaires religieuses et islamiques et président du Conseil suprême pour la justice de la charia.


Il est soupçonné d’avoir créé des sociétés écrans pour blanchir des fonds qui sont transférés de Dubaï à la Malaisie, où le Hamas avait étendu ses activités cette année-là.




Les documents montraient que l’ambassadeur de l’AP en Malaisie, Anwar Al-Agha était le complice local de Habash. Ils avaient établi des liens en 2011 et collaboraient depuis 2014, quand Al-Agha avait été nommé ambassadeur en Malaisie.


Habash, qui était auparavant membre du Hamas à Gaza, avait été détaché par Mahmoud Dahlan à Ramallah en 2007 avec pour mission de diffamer publiquement son ancienne organisation. En fait, il s’était mué en agent double qui, publiquement, jouait le rôle assigné par l’Autorité palestinienne, mais continuait à agir secrètement au nom du Hamas.


Il avait des liens avec un autre membre du Hamas, l’Algérien Fatah al-Nuri, originaire de Gaza. Les deux hommes possèdent plusieurs sociétés avec des comptes bancaires en Algérie, en Turquie, au Portugal et en Jordanie. Il entretient également des liens avec l’ambassadeur de l’AP au Soudan, Abed al Fatah al-Satri. Les deux hommes ont travaillé avec Yasser Abbas, fils du chef de l’AP Abbas, dans une série de plans pour blanchir des fonds pour des groupes terroristes et le commerce illégal de pétrole du Soudan (TPS).


Corruption : l’art de vivre à l’ombre du Hamas


Alors que le Gazaoui de la rue souffre de détresse économique, que le chômage atteint des sommets himalayens et que les services publics sont d’une médiocrité qui confine à l’absence, les fils des principaux dirigeants du Hamas, mènent une vie de luxe et de splendeur, au point qu’ils sont surnommés « princes du Hamas ».


À ce titre, certains ont été impliqués dans plusieurs affaires qui ont agité l’opinion publique dans la bande de Gaza, évidemment, mais aussi dans tout le monde arabe. Bien entendu, pas un mot n’a filtré dans les médias hexagonaux, où la ligne éditoriale au Moyen-Orient se résume souvent à Ne-pas-faire-le-jeu-des-sionistes.


Ainsi, Annas Radwan, fils d’Ismail Radwan, haut responsable du Hamas, s’est rendu à la Mecque en 2019 pour le pèlerinage, profitant de son statut pour faire partie du quota des pèlerins et qu’il a reçu de l’OLP (le parti de Mahmoud Abbas) une subvention spéciale. Son père, Ismail Radwan, se rend à la Mecque chaque année et gratuitement, aux frais de la princesse Arabie saoudite et sur le quota qu’elle alloue aux habitants de Gaza.




Radwan a des copains : Muhammad Hamad, le fils de Fatahi Hamad, qui a organisé une teuf pour ses 20 ans, dont témoignent les photos qui ont circulé sur les réseaux sociaux : tables chargées de nourriture et de gâteaux, groupes musicaux, bouteilles d’alcool en évidence… Les commentaires n’étaient pas souvent des « like ».


« Hamad n’a pas honte de montrer sa richesse, alors que plus de 200 blessés palestiniens, dont certains ont perdu des membres, et dont seulement quelques-uns ont des fauteuils roulants, ne reçoivent aucune aide », s’est plaint un internaute.


Abdel Salam Haniya, fils du chef des chefs, Ismail Haniya, est le président du Conseil des sports d’Amoaj dans la bande de Gaza et membre du Conseil suprême de la jeunesse et des sports. Des photos de ses tournées un peu partout dans le monde ont circulé sur les réseaux, dont une où il est sur un luxueux yacht et d’autres, aux côtés de son père, Ismail, alors qu’il présente sa nouvelle voiture, une Nissan dernier cri, dans les rues de Gaza (GodTV). Dans un club du Salvador il est accompagné de deux autres officiels du Hamas… et d’une danseuse du ventre en pleine action. Certains esprits chagrins, parmi ceux que la charia sanctionne avec rigueur et coups de bâton, ont fini par mettre en doute la sincérité de sa foi. Les mêmes se sont interrogés sur la ferveur de son engagement politique quand il a subi, en 2019 au Qatar, une intervention chirurgicale pour son obésité…


Abdel Salam possède plusieurs biens que son père a achetés, notamment une propriété dans le quartier luxueux de Rimal à Gaza d’une valeur de 4 millions de dollars, ainsi qu’une boulangerie et une maison dans un camp de Shati, cette dernière estimée 300 000 dollars…


Le jeu des sept familles corrompues


Dans la famille Hanyieh, ily a aussi le tonton et le cousin.


Abdul Razak Khaled Haniyeh, neveu d’Ismail Haniyeh, est président de l’Association caritative de Gaza. Comme les gens sont mauvaises langues, il a été accusé de détournement de 200 000 dollars provenant de dons destinés à la réhabilitation de maisons détruites dans la bande de Gaza. Une enquête a été close à la suite de menaces proférées par Ismail Haniyeh à l’encontre des dirigeants de l’association caritative.




Et dans la famille Mashaal, il y a Khaled, l’ancien président du bureau politique du Hamas. Il est souvent photographié dans les salles de sport du Golfe et sa fortune est estimée à 4 milliards de dollars. Il est également impliqué dans des affaires de corruption. Selon des sources ouvertes, il possède, avec son fils et sa femme, la société immobilière qatarie, Alfadeel, qui gère un vaste projet immobilier luxueux au Qatar.


Leaders du Hamas, 3e fortune mondiale catégorie « organisations terroristes »


Le magazine Forbes s’intéresse à l’argent. Le Hamas aussi. Forbes a classé le Hamas deuxième de toutes les organisations terroristes avec un milliard de dollars de chiffre d’affaires. Le premier est l’État islamique, qui affiche le double :


1. État islamique : 2 milliards $

2. Hamas : 1 milliard $

3. FARC Colombie : 600 millions

4. Hezbollah : 500 millions


Deuxième en chiffres, mais premier en dynamisme, le Hamas : depuis qu’il a pris le contrôle de Gaza en 2007, il est passé d’une organisation terroriste à une dictature qui perçoit des impôts et qui double leur valeur avec des bakchichs.


Dans la famille bakchich, le secteur médical est un Monopoly


À Gaza, il y a eu une journaliste d’investigation. Elle s’appelle Hajer Harb et son enquête sur la corruption dans le système médical de Gaza lui a valu une condamnation à six mois ferme plus une amende de 1000 shekels (250 €, soit le salaire moyen sur place). Elle avait découvert comment le Hamas et l’Autorité palestinienne utilisaient les soins médicaux pour faire chanter les patients palestiniens et comment certains médecins et responsables du Hamas et de l’Autorité Palestinienne exigeaient des pots-de-vin en échange de la délivrance d’autorisations permettant aux patients de quitter la bande de Gaza pour se faire soigner en Israël, en Cisjordanie et ailleurs. Ceux qui n’en avaient pas les moyens se contentaient des hôpitaux palestiniens en sous-effectif et sous-équipés (Gatestone Institute).




Hajer Harb a fui le Hamas vers la Jordanie et c’est là qu’un cancer a été diagnostiqué. On espère qu’elle a été soignée sans avoir à passer par la case bakchich.


La sécurité sociale palestinienne n’est pas en déficit, mais elle ne bénéficie qu’aux comptes en banque des dirigeants, qui ont aussi des ressources provenant de l’aide étrangère et des ONG. Quand ils reçoivent cet argent, les dirigeants appliquent un principe haram : charité bien ordonnée commence par eux-mêmes.


Panama papers en V.O palestinienne


Les Panama papers sont à la corruption ce que les Wikileaks ont été à l’espionnage. Le Monde, qui était partie prenante de l’examen des données, a dû admettre qu’ils


« ont mis en lumière le curieux mélange des genres de l’Autorité palestinienne et de l’un des fils de son président, Mahmoud Abbas.(le Monde) »


Qu’en termes délicats ces incestes sont traités ! En fait,


« Mahmoud Abbas a pris par décret le contrôle d’un puissant fonds d’investissement, le Palestinian Investment Fund (PIF). ‘Ce décret présidentiel place le PIF plus directement sous le contrôle du cabinet du président’, écrit Jake Walles, alors consul des États-Unis à Jérusalem, dans un câble de février 2006 dévoilé par WikiLeaks. Le portefeuille d’investissement de plus d’un milliard de dollars du PIF […] est maintenant mieux contrôlé par le président Abbas grâce à un conseil d’administration qu’il a choisi, à l’exception des postes ministériels. »


Ça fait mal au cœur, quand on a le cœur à l’extrême-gauche du portefeuille d’Abbas, d’admettre qu’il a plongé dans le pot de confiture jusqu’aux oreilles. Alors on cite le consul du Grand Satan, ou l’avocat de la défense, c’est moins douloureux :


« Tarek Abbas [le fils de Mahmoud] est par ailleurs un homme d’affaires puissant. Il était déjà directeur général adjoint de l’agence de communication Sky, qui domine le marché publicitaire palestinien, lorsqu’APIC l’a rachetée en 1999 – il en est devenu le président du conseil d’administration, au nom d’APIC. Sky a signé en 2006 un contrat pour une campagne de communication visant à améliorer l’image des États-Unis dans les territoires occupés. Kareem Shehadeh, l’avocat de Tarek et de Yasser, les fils Abbas, a indiqué à l’époque que laisser entendre que le choix de l’agence reposait sur ses liens avec la famille Abbas était « contraire à l’éthique, et sans fondement » ».


Quant au consul, il trouvait que le rôle de Mahmoud Abbas dans la grande pagaille de la téléphonie mobile« était compliqué par le fait que le second opérateur de téléphonie mobile [Wataniya] est largement financé par le Fonds d’investissement palestinien et que son propre conseiller économique, Mohammad Mustafa, est à la fois président du PIF et directeur général de Wataniya Palestine ».




Compliqué ? Vous avez dit « compliqué » ?


En 2014, une enquête est parue dans un journal économique en anglais


Écrite pendant l’opération Bordure protectrice, l’analyse posait une question à laquelle aucun média occidental de gauche/démocrate (excusez le pléonasme) ne veut répondre : comment concilier la désolation et la misère des quartiers de Gaza, où vivent des centaines de milliers de Gazaouis, et les luxueuses maisons des hauts responsables du Hamas, équipées de salles de sport, voire les suites d’hôtels cinq étoiles où ils séjournent ? Mais surtout,


« comment ces nouveaux magnats, qui ont grandi dans des camps de réfugiés et qui brandissent l’étendard de l’aide à leur peuple sont-ils devenus si riches en si peu de temps ? (Globes) »


Les réponses sont apportées par le Pr. Moshe Elad, un expert du Moyen-Orient au Western Galilee Academic College :


« Les hauts dirigeants du Hamas faisaient payer une “taxe” de 25 % et 2 000 dollars sur chaque véhicule en pièces détachées qui passait par les tunnels. Il existe des centaines de tunnels de contrebande entre l’Égypte et Gaza, qu’Israël est moins enclin à détruire, car l’Égypte s’en charge. De juin 2007 à 2010, 800 millions de dollars en espèces ont été transférés dans des tunnels (selon des informations provenant de traders du Hamas). Le Hamas taxe également les commerçants de Gaza sur tout ce qui est vendu, des cageots de légumes aux voitures de luxe, et les dirigeants mettent cet argent directement dans leurs poches. »


Psychologie et économie


Écrire dans un journal économique n’interdit pas les incursions dans la psychologie de base, celle qui explique des comportements incompréhensibles aux lecteurs français :


« Les dirigeants sont sans vergogne. Dès qu’ils arrivent au pouvoir, ils prennent le contrôle des secteurs les plus rentables : carburant, communications, etc. La corruption et les combines pour s’enrichir existent aussi dans la société occidentale, mais là, cela se fait de manière sophistiquée et discrète, avec des dessous de table et des structures complexes pour les pots-de-vin. Chez les Palestiniens, ils vous disent carrément : ‘Je veux devenir riche’. »




Paradoxalement, le blocus que les Israéliens exercent contre Gaza pour se protéger de ses missiles est une de leurs sources de richesse : en période de paix, les marchandises arrivent régulièrement (dans tous les sens du terme) dans la Bande par les points de passage israéliens. Cela fait baisser les prix et réduit les recettes en taxes via les tunnels de contrebande.


Les attaques du Hamas contre Israël ont donc un double avantage : d’une part elles démontrent aux Gazaouis et surtout aux donateurs étrangers que le Hamas « lutte pour la Palestine », suscitant des vocations au terrorisme en interne et des donations en externe. D’autre part, elles ont des retombées positives en termes de communication, à la fois si des boucliers humains sont touchés et surtout, elles génèrent un regain de blocus israélien avec les retombées financières qu’a décryptées le Pr. Elad.


En effet, une image vaut mille mots



ArcMed Hotel Almashtal Gaza 5 étoiles

(lien vidéo https://vimeo.com/26288397)


Comme la musique, la dénonciation est un cri qui vient de l’intérieur


Celui qui l’a poussé s’appelle Mosab Hassan Youssef. Son père est un des fondateurs du Hamas, le prédicateur Hassan Youssef. Converti au christianisme et vivant aux États-Unis, Mosab s’est spécialisé dans la critique de l’islam, des régimes arabes corrompus et des organisations politiques palestiniennes, qui le sont tout autant. Son engagement date de loin, ainsi qu’il le raconte dans un livre publié en 2010, dont a été tiré le documentaire éponyme en 20142. Arrêté par le Shin Bet (services secrets israéliens) quand il était étudiant, pour avoir acheté une arme au marché noir, il a d’abord accepté de travailler avec ce service de renseignement pour obtenir sa libération, puis il a continué volontairement parce qu’il s’opposait aux méthodes terroristes de la deuxième Intifada.




Mais ce sont des Anglais, devenus ses amis, qui l’ont amené à la lecture de la Bible et à la conversion au protestantisme, l’éloignant plus sûrement encore de l’islam rigoureux affecté par les dirigeants de Gaza, grands pêcheurs devant l’Éternel, quel que soit le nom qu’on lui donne. Mosab Hassan Youssef est intervenu plusieurs fois au Conseil des Droits de l’homme de l’ONU, sous le patronage de l’ONG UN Watch (YouTube). Il y a dénoncé le Hamas et les dirigeants palestiniens, apportant un témoignage de l’intérieur de leurs malversations et de leur corruption.


La charité qui se fait hospitaliser


Les dirigeants du Hamas prétendent avoir le cœur à gauche, de manière à ce que les porte-monnaie de l’extrême-gauche internationale s’ouvrent pour leur verser une généreuse obole. Tant qu’ils ont la santé. Dans le cas contraire, ils se précipitent chez l’ennemi pour s’y faire soigner.


Quand, en 2014, les journaux arabes et anglo-saxons ont titré sur l’hospitalisation d’une des filles d’Ismaïl Haniyeh à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv, le chef de file du Hamas a fait paraître un correctif : ce n’était pas sa fille, c’était sa sœur.


Le scoop n’est pas que l’homme d’État confonde sa fille et sa sœur : Biden fait la même chose. C’est que Le Figaro a relaté la chose, précisant que


« La belle-mère d’Ismaïl Haniyeh avait été transférée de Gaza en Israël pour y être soignée pour un cancer en juin. Et en novembre de l’année dernière, sa petite-fille, un bébé d’un an, avait été soignée dans un hôpital israélien pour une grave infection du système digestif.(le Figaro) »


Deux ans plus tard, le 10 juin 2016, on a pu lire :


« Le jeune Hamza Haniyeh [neveu du chef] est hospitalisé en Israël alors même que les dirigeants du Hamas, l’aîné Haniyeh parmi eux, saluent la fusillade meurtrière qui a eu lieu mercredi à Tel Aviv et dans laquelle quatre Israéliens ont été tués.(Times of Israel) »




Mais la nouvelle n’est parue dans aucun autre média français : si le chef du Hamas veut faire le jeu des sionistes, ça le regarde, mais les journalistes français ne se chauffent pas de ce bois-là.


Et, probablement pour les mêmes raisons, afin de prendre connaissance de la dépêche AFP qui annonçait, en octobre 2020, que Saeb Erekat avait été « transféré à l’hôpital Hadassah de Jérusalem, avoir contracté la COVID-19 et en raison de problèmes respiratoires chroniques, il nécessite désormais d’être suivi médicalement dans un hôpital (l’Orient le Jour) », il fallait lire un quotidien libanais ou écouter radio Canada. On aurait aussi appris qu’il avait a subi, en 2017, une greffe de poumon dans un hôpital américain.


L’hôpital saoudien en a marre de faire la charité aux Palestiniens


S’il y a un pays où la corruption est endémique, c’est bien l’Arabie saoudite. Pourtant, après la signature des Accords d’Abraham, certains spécialistes locaux se sont lâchés. Le Prince Bandar bin Abdulaziz en fait partie, qui estimait le temps venu pour que de nouveaux leaders palestiniens se lèvent et s’occupent du bien-être de leurs administrés au lieu d’empocher l’aide qui leur parvient de leurs frères arabes et de l’Occident.


Six ans après le Pr. Elad, un analyste politique saoudien reprenait ses propos quasiment mot pour mot :


« Les dirigeants palestiniens ont volé l’aide envoyée au peuple palestinien et ont construit des manoirs à Washington, Paris et Londres, tout en ignorant la souffrance de leur peuple.3 »


Des mots qu’un de ses confrères ne mâchait pas :


« il faut rappeler aux Palestiniens que les centaines de milliards d’argent que leurs dirigeants ont reçus de l’Arabie saoudite pour soutenir leur cause tout au long de son histoire auraient pu financer des villes entières, au lieu de cela, leurs dirigeants se sont payé des avions privés et des immeubles luxueux en Europe et aux États-Unis4… »




Si une vérité se met à sortir de la bouche des dirigeants saoudiens, le cas de la France n’est peut-être pas désespéré… LM♦



Liliane Messika, Menora