dimanche 3 septembre 2023

Médine : pour Mélenchon, Panot et LFI, qui est antisémite ?


C’est un tweet dont Jean-Luc Mélenchon a le secret. Il est publié le 18 août 2023, alors qu’une polémique enfle depuis quelques jours autour de l’invitation du rappeur Médine à l’Université d’été des écologistes et de la France insoumise (LFI) et après la publication d’un tweet nauséeux du rappeur visant l’artiste et l’essayiste Rachel Kahn. Celui-ci qualifie l’écrivaine d’origine juive et petite-fille de déporté de « resKHANpée » et d’une « personne ayant été jetée par la place Hip-Hop, dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l’extrême droite ».

Pour LFI et Mélenchon, Médine n’est pas raciste

C’est dans ce contexte que Jean-Luc Mélenchon sort de sa réserve et écrit :

« Médine n’est pas raciste. Pourquoi vouloir lui faire avouer des positions qui ne sont pas les siennes après l’avoir invité ? Les admirateurs macronistes de Barrès, de Maurras et de Pétain ont de la chance d’avoir des opposants aussi soumis au qu’en-dira-t-on des hypocrites [1]. »

Dans ce tweet, Jean-Luc Mélenchon affirme que le rappeur « n’est pas raciste ». C’est plus simple et plus pernicieux, il ne parle donc pas d’antisémitisme, parce qu’il exclut d’emblée que l’on puisse accuser Médine d’être un antisémite. Il affiche là une certitude qu’il réitère quelques jours plus tard.

Puis Mélenchon lance une salve assez mystérieuse contre d’hypothétiques « macronistes admirateurs de BarrèsMaurras et Pétain », sans que l’on comprenne bien où il veut en venir et qui il désigne précisément. D’une pierre deux coups, Mélenchon en profite sûrement pour régler de vieux comptes avec la macronie.

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Quelques jours plus tard, le 27 août, tout sourire, Mélenchon reçoit Médine à l’Université d’été de LFI. À cette occasion, il publie un nouveau tweet qui se caractérise par son inversion accusatoire :

« C’est un plaisir de recevoir @Medinrecords aux #Amfis2023. La victime du racisme, c’est lui ».

Dans son meeting, Mélenchon parle de la polémique et de Médine. Il commence par accuser l’extrême droite d’introduire des débats qui se substituent à tous les agendas. Puis il lance « Médine est notre ami », tonnerre d’applaudissements dans la salle. Et d’ajouter aussitôt :

« Face à une offensive de cette nature qui repose sur l’insulte, le dénigrement et l’islamophobie à peine masquée, la première réaction, c’est le sang-froid. »

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Interviewé par TF1 le 26 août, Mélenchon répond aux questions posées sur Médine :

« Médine n’est pas raciste, mais il faudrait arrêter de considérer que parce que quelqu’un est musulman, il est forcément coupable d’avance. Il a dit ce qu’il avait à dire. Mais, apparemment, ces excuses on n’en veut pas. Pourquoi ? Pourquoi, s’il vous plaît ? »

Puis il réaffirme sa certitude, celle de l’homme qui, contre de nombreuses évidences, sait. Son doigt est tendu et le ton grave.

« Les choses sont ainsi faites que nous sommes certains du caractère non raciste et non antisémite de Médine. J’affiche ma certitude ».

Dans l’interview, il va même jusqu’à comparer très brièvement Médine à… Brassens.

Que veut-il dire ? Que des gens de sa génération se souviennent que Georges Brassens se moquait des bourgeois, des bien-pensants et souvent des curés. Certaines chansons de Brassens défrayaient la chronique et quelques paroles salaces suscitaient la polémique. Certes. Mais comparaison n’est pas raison. Autre temps, autre mœurs. Et, à ma connaissance, Brassens ne fut pas accusé d’être antisémite, homophobe et communautariste, à la différence de Médine.

« Victor Hugo et Georges Brassens apprécieraient de se voir
réduits à… Médine. »

Une comparaison pourtant reprise dans un tweet burlesque, par Mathilde Panot. Celle-ci va néanmoins beaucoup plus loin :

« Brassens, Hugo, Médine. La poésie est toujours un engagement. Passionnant entretien avec @MedinRecords : la convergence des luttes, contre la convergence des haines. Ne fléchissons jamais ! »

Victor Hugo et Georges Brassens apprécieraient de se voir réduits à… Médine.

Voici donc la petite récitation de LFI.
Résumons :
1 – Médine n’est pas raciste, dixit Mélenchon.
2 – Mélenchon est certain qu’il n’est pas plus raciste qu’antisémite.
3 – Il est victime d’islamophobie.
4 – Pour Mathilde Panot, Médine, c’est Victor Hugo ou Brassens.

Dernier point. Lors de l’Université d’été, toute la salle exulte, est debout. Le rappeur triomphe, sa promotion est faite, son public conquis. Les militants et sympathisants font de Médine un camarade et un héros.  Sur X (ex Twitter), Médine peut annoncer fièrement :

« Tournée prolongée (Olympia, carré des docks, transbo… »

Pour LFI, l’antisémitisme n’est que d’extrême-droite

Il faut opposer ces tweets et/ou ces interviews à un autre tweet que le leader de LFI avait publié quelques jours plus tôt.
L’actualité est cette fois très différente.

Fin juillet 2023, un groupuscule catholique intégriste du nom de Civitas tient son Université d’été en Mayenne. Posté le 5 août sur les réseaux sociaux [2], un extrait en vidéo de la conférence de Pierre Hillard, un obscur essayiste complotiste et antisémite qui évolue dans la sphère soralienne, suscite une vive émotion.

« Avant 1789, un juif, un musulman, un bouddhiste ne pouvaient pas devenir Français », énonce ce pamphlétaire. « Et la naturalisation des juifs français en 1791 ouvre la porte à l’immigration. »


 Le 5 août donc, Mélenchon publie promptement un tweet. Cette fois-ci, il utilise d’emblée le terme d’antisémitisme :

« En France en 2023, quelqu’un demande de revenir sur la nationalité et citoyenneté française des juifs décidées par la grande Révolution de 1789 ! L’antisémitisme doit être puni sans faiblesse. Que fait Darmanin ? »


Le 7 août, il embraye et poste un tweet de la députée Mathilde Panot qui informe ses lecteurs et les militants de LFI qu’à la suite des propos antisémites de Pierre Hillard, elle saisit la Procureure de la République au titre de l’article 40 [3].

Le même jour, après l’annonce par Gérald Darmanin de la dissolution du groupuscule, Mélenchon proclame fièrement :

« Darmanin donne une réponse claire à l’interpellation des insoumis et de la Licra. L’antisémitisme va être puni. Civitas sera dissout et le procureur de la République est saisi des propos de Pierre Hillard. [4] »

Ces exemples différents m’amènent à formuler quelques observations

1 – À gauche, certains élus, militants, sympathisants et en premier lieu Jean-Luc Mélenchon sont convaincus que l’antisémitisme s’incarnerait exclusivement au sein de l’extrême-droite. De fait, il y aurait un antisémitisme tout à fait condamnable (il l’est, bien évidemment), celui qui proviendrait disons anciennement du FN ou du RN et/ou de groupuscules identitaires et des néonazis. En dehors de l’extrême-droite, point d’antisémitisme.

2 – Le leader des insoumis doit penser qu’il est un rempart contre l’antisémitisme puisque ce serait exclusivement à l’extrême-droite que l’antisémitisme évoluerait.

3 – À gauche, on pense généralement que l’antisémitisme ne peut s’exprimer à gauche et/ou que la gauche continuerait d’être un rempart contre l’antisémitisme. Ce qu’elle n’est plus du tout, en réalité.

4 – À gauche, certains ne veulent pas voir que l’antisémitisme se répand dans certaines banlieues, chez des immigrés ou chez des Français de confession musulmane. Or, ces considérations sont balayées par de récents sondages prouvant qu’il existe plusieurs foyers d’antisémitisme, notamment chez les sympathisants de LFI, ceux du RN et chez les Français ou les étrangers de confession musulmane [5].

5 – Enfin, pour une partie de la gauche, l’antisémitisme serait moins un problème que le racisme. Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l’University College de Londres, l’analyse fort bien [6] : « Une hypothèse (corroborée par la lecture de multiples commentaires sur les réseaux sociaux et d’échanges personnels avec des dirigeants et sympathisants de gauche, notamment de LFI) : pour une partie de la gauche, l’antisémitisme est un racisme “mineur” comparé aux racismes “majeurs” tels l’islamophobie ou la négrophobie. Dans l’inconscient de certains dirigeants et sympathisants de gauche, les Juifs ne sont pas victimes d’agressions racistes car ils sont “blancs”, socialement bien intégrés et économiquement aisés. » Or, là encore, ces considérations militantes et subjectives par ailleurs teintées de clichés sont balayées par la connaissance que nous avons des actes antisémites [7].

« Une partie de la gauche marque une certaine indifférence à l’égard de l’antisémitisme »

Ignorer ces réalités, c’est ne pas vouloir entrevoir la réalité d’un antisémitisme multiforme, qui évolue constamment, s’actualise, s’adapte et est attractif dans notre société.
Force est de constater qu’une partie de la gauche marque une certaine indifférence à l’égard de l’antisémitisme, ou tout au moins marque-t-elle une certaine distance. Cette distance n’est pas compréhensible, car l’antisémitisme, d’où qu’il vienne (y compris l’israélophobie), menace les valeurs de la République et les valeurs de la gauche.

En trahissant certains de ses idéaux, une partie de la gauche se compromet, parce qu’elle occulte ces réalités, justement parce qu’elle instrumentalise un antisémitisme (celui de l’extrême droite) qu’elle dénonce systématiquement à des fins politiques, alors qu’elle ignore complaisamment l’antisémitisme qui proviendrait des quartiers ou de la gauche. Son indignation n’est que sélective. N’étant que sélective, elle est une faute.
Les ambiguïtés réitérées envers l’antisémitisme resteront et les historiens se pencheront plus tard sur toutes ces graves erreurs et ces fautes innombrables. Elles seront étudiées, car elles forment un marqueur, celui du sceau de l’infamie.

Par

BTA

vendredi 9 juin 2023

Vincent Reynouard : l'audience d'extradition du négationniste est encore reportée à Juillet.


"Sa clandestinité au Royaume-Uni aura duré sept ans durant lesquels le séide du nazisme n’avait jamais cessé ses apologies d’une idéologie génocidaire, ni ses incitations à la haine et à la violence raciales, encore moins ses négations obsessionnelles de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Mais la profanation du Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane par ses acolytes, en 2020, a suscité les foudres des autorités françaises qui ont souhaité entendre le pronazi Vincent Reynouard. En vertu du nouvel accord Trade and Cooperation Agreement (TCA) entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, il fit l’objet d’un mandat d’arrêt et fut appréhendé par la police écossaise dans une chambre d’hôte d’Anstruther, caché sous une fausse identité, le 10 novembre dernier.


Une stratégie de nazification des esprits

Ce succès revient à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine de la Gendarmerie nationale (OCLCH) qui a initié l’opération avec la coopération de la Division antiterroriste de la police métropolitaine de Londres, du Service de la sûreté britannique et des réseaux diplomatiques. « Sur le volet judiciaire, c’est une grande satisfaction pour l’OCLCH qui a travaillé sans relâche à ce dossier depuis l’été 2020, déclare au DDV le général Jean-Philippe Reiland, patron de l’OCLCH. Nous avons pu mobiliser les acteurs français et britanniques pertinents pour l’arrestation de M. Reynouard. Je rappelle que l’une de nos missions est de poursuivre les idéologues haineux où qu’ils se trouvent, et tous ceux susceptibles de faire des dégâts sur internet par leurs discours qui incitent à la haine, à la violence ou au passage à l’acte. » Le général Reiland et son équipe tiennent particulièrement à l’extradition de Vincent Reynouard qui vient de bénéficier, pour la troisième fois à sa demande, d’un report d’audience afin d’achever la préparation de sa défense.


De sa cellule, avec l’aide de complices extérieurs, Reynouard continue de diffuser des messages de haine sur internet, comme cette lettre adressée au Président de la République, publiée dans l’hebdomadaire antisémite et négationniste Rivarol le mois dernier, dans laquelle il a réitéré des propos négationnistes et pronazis pour lesquels il fut déjà condamné. Depuis sa cavale, Reynouard a pris soin de se fabriquer une image de « combattant investi par la providence d’une mission révisionniste », exploitant l’émergence d’une nébuleuse de plateformes confidentielles pour en tirer une stratégie de nazification des esprits. Relayée par des sites et des réseaux, notamment russes et américains, sa propagande jouit d’une résonance en Europe et dans les pays anglo-saxons à travers une production considérable de contenus, la traduction en anglais et en allemand de ses textes et de ses vidéos, et une présence minoritaire mais influente dans des forums nationalistes et néonazis qui endoctrinent un auditoire majoritairement jeune.


Renforcer les outils numériques et judiciaires des enquêteurs

N’attendant pas l’arrêt de la cour d’appel de Caen du 17 juin 2015, qui avait réduit sa peine de deux à un an de prison ferme pour contestation de l’existence de crimes contre l’humanité concernant l’extermination des Juifs, Reynouard prit ses jambes à son cou et se planqua dans une Angleterre encore membre de l’Union européenne, sous la protection d’un réseau de néonazis et de nationaux-catholiques européens, abandonnant sa femme et ses huit enfants. Quand la réalité arrache à ses fantasmes de Herrenvolk (« race supérieure ») celui qui clamait : « Mon Europe, c’est celle de l’Autrichien Adolf Hitler, du Belge Léon Degrelle, du Français Jacques Doriot, du Britannique John Amery. » De sa condamnation prononcée en 2015, il aura beau contester la conformité de l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 et de la loi du 13 juillet 1990 par une question prioritaire de constitutionnalité, puis se pourvoir en cassation, Reynouard aura perdu sur tous les tableaux le 21 juin 2016. Depuis, il a fait l’objet de trois nouvelles condamnations, toujours pour contestation de l’existence de crimes contre l’humanité.


« La loi sur la liberté de la presse doit s’adapter rapidement aux évolutions technologiques et de comportement, comme aux délits de haine en ligne. »

Jean-Philippe Reiland, général, commandant de l’OCLCH


Les autorités policières britanniques ont donc accepté de mettre à exécution le mandat TCA pour sa peine définitive confirmée en 2016. À l’OCLCH, la lieutenante-colonelle Aurélie, cheffe de division de Lutte contre les crimes de haine, précise que « la demande des autorités françaises s’est fondée, en partie, sur la condamnation de la militante antisémite et négationniste anglaise Alison Chabloz en 2018, la première personne au Royaume-Uni condamnée pour négation de l’Holocauste, selon l’article 127 de la loi britannique sur les communications. Concernant les motifs des autres procédures présentées à la justice écossaise, jugées ou en cours d’instruction, en droit européen, les autorités françaises devaient obtenir des autorités judiciaires écossaises la levée du principe de spécialité et des compétences, avec l’accord ou non de M. Reynouard. Dans un second temps, la justice écossaise a donc décidé d’accéder à la demande des autorités françaises afin que M. Reynouard soit entendu pour les procédures connexes au mandat d’arrêt. » La justice française avait présenté trois motifs d’infraction : la contestation publique d’un crime contre l’humanité, la négation, minoration ou banalisation publique d’un crime de guerre (concernant ses négations et ses distorsions des faits du massacre à Oradour-sur-Glane en 1944) et la provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation, de la « race » ou de la religion (délit d’antisémitisme).


De cette expérience, le général Reiland estime « qu’il est indispensable de donner davantage d’outils numériques et judiciaires aux enquêteurs. La possibilité de délivrer des mandats d’arrêt, en cours d’étude, comme la comparution immédiate déjà étendue à certains délits dits de presse sont des progrès en ce sens. La loi sur la liberté de la presse doit s’adapter rapidement aux évolutions technologiques et de comportement, comme aux délits de haine en ligne. Elle doit évidemment conserver son point d’équilibre entre liberté d’expression et répression des discours de haine, mais rehausser le plancher des peines, en particulier en cas de récidive ; la seule façon de mettre un terme aux productions de discours de haine à répétition de la part de certains auteurs d’habitude. »


Les premières condamnations de Reynouard, pour contestation de crime contre l’humanité, tombèrent dès 1991. Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès, confirme que, plus de trente ans après, « face à un doctrinaire comme Reynouard, malheureusement, seule la prison permet de faire taire sa propagande. La France pourrait s’inspirer de la législation allemande qui dit que le négationnisme est une incitation à la haine et qui inflige des sanctions pénales plus fortes et dissuasives. Sa politique fédérale d’éducation civique et de prévention contre les discours de haine, la Bundeszentrale für politische Bildung, est institutionnalisée dans tous les Länder et intervient de manière permanente dans les établissements scolaires et dans la formation continue des enseignants. »


Le pire et l’inconcevable

En cas d’extradition, ce serait un retour cinglant devant la justice française pour Reynouard qui tomberait de Charybde en Scylla, entre ses condamnations non exécutées et celles à venir. Ses récidives surabondent, à commencer par ses calomnies et ses négations à l’encontre des faits historiques, de la mémoire des victimes et des témoignages des familles des 643 civils massacrés à Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944, dont 244 femmes et 207 enfants entre 0 et 14 ans, par des Waffen-SS de la 3e compagnie du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzer-Division Das Reich, bataillon commandé par Adolf Diekmann qui avait chargé Otto-Erich Kahn de l’exécution du massacre et de la destruction du village. Perpétré dans le but de dissuader par la terreur la population de la Haute-Vienne de soutenir la Résistance, et dans le but de galvaniser les unités de combat allemandes, Diekmann gomma l’atrocité gratuite de ce meurtre de masse de son rapport et, le soir même, ordonna à ses hommes de tenir une version réécrite faisant croire à des munitions cachées dans les maisons ou à une résistance armée de villageois identifiés « maquisards » ; quatre jours après le débarquement de Normandie, il était devenu périlleux de brandir la toute-puissance de l’expression rituelle du national-socialisme qui avait ensanglanté l’Europe et anéanti deux mille « Oradour ». Mais cette dissimulation n’avait leurré ni la France de Vichy, ni l’Allemagne nazie. L’excès de folie de Diekmann fut dénoncé par l’évêque Rastouil auprès du général Gleiniger, chef de l’état-major de la Wehrmacht à Limoges, contraint à présenter officiellement ses regrets pendant que les supérieurs de Diekmann cherchaient à se disculper, et à éviter les représailles, en voulant le faire traduire en cour martiale. Le maréchal Rommel demanda à Hitler en personne des sanctions contre la Das Reich, le 17 juin 1944 à Margival. En vain, le 29 juin, Diekmann mourut dans la bataille de Normandie.


Dès 1990, par adhésion à la doctrine nazie et en l’absence de toute formation, méthodologie et honnêteté historiques, Vincent Reynouard embrassa dans ses propres fascicules cette conspiration contre les victimes du massacre d’Oradour et contre la Résistance.


Or, dès 1990, par adhésion à la doctrine nazie, malgré l’absence de toute formation, méthodologie et honnêteté historiques, Vincent Reynouard embrassa dans ses propres fascicules cette conspiration contre les victimes du massacre d’Oradour et contre la Résistance. Il fouilla dans les publications négationnistes de la HIAG (Hilfsgemeinschaft auf Gegenseitigkeit der ehemaligen Angehörigen der Waffen-SS), une association fédérale d’entraide pour anciens Waffen-SS créée en 1951 par des ex-officiers supérieurs SS fidèles à Hitler, chargée de « nettoyer » la SS de ses crimes de guerre et contre l’humanité. À la HIAG, outre Heinz Lammerding, ex-commandant de la division Das Reich, il y avait Otto Weidinger, ex-lieutenant-colonel SS et dernier commandant du régiment Der Führer, impliqué dans les massacres d’Oradour et de Tulle (mais acquitté par manque de preuve). Weidinger a auto-édité des livres négationnistes disculpant la Das Reich, dont Tulle et Oradour, une tragédie franco-allemande (1984), un livre interdit en France par un arrêté du ministre de l’Intérieur en 1991. Sans s’encombrer de la réalité historique ni de la vérification des faits, il recopia en grande partie de précédents livres négationnistes sur le massacre d’Oradour d’anciens SS, comme ceux d’Herbert Taege, celui d’Elimar Schneider, jeune Alsacien engagé dans la division Das Reich, et les déclarations d’Albert Stückler (division Das Reich), impliqué lui aussi dans le massacre des 99 civils de Tulle.


Reynouard eut donc accès à toute une bibliothèque négationniste et de propagande nazie de l’après-guerre grâce notamment au faussaire Robert Faurisson, à d’autres écrits d’anciens Waffen-SS, comme le Belge Pierre Moreau, aux productions du Blood and Honour Vlaanderen 1 et des frères Siegfried et Herbert Verbeke, fondateurs des éditions négationnistes anversoises Vrij Historisch Onderzoek. Avec ces derniers, Reynouard a coécrit Le Massacre d’Oradour, un demi-siècle de mise en scène (1997), un texte négationniste d’une logorrhée pseudo-scientifique aberrante, plagié en grande majorité du livre d’Otto Weidinger (lui-même une contrefaçon), en droite lignée des thèses conspirationnistes ourdies par des responsables mêmes du massacre d’Oradour. Cette première édition de Reynouard fut interdite un temps par un arrêté du ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement, le 2 septembre 1997.

350 femmes et enfants furent enfermés dans l’église d’Oradour-sur-Glane. Ils y périrent massacrés. 

Des revanchistes de la Collaboration toujours actifs

Première édition car depuis janvier de cette année, est diffusée et vendue en France une réédition de ce texte négationniste dans des conditions ubuesques qui prêteraient à sourire s’il ne s’agissait pas d’idéologie meurtrière, de fraudes fiscales et d’attaques de la mémoire.

De cette réédition, que Reynouard prophétise déjà comme étant l’œuvre de sa vie, l’association Pratique de l’Histoire et Dévoiements négationnistes en a expertisé les arguments, la négation des causes du massacre, les accusations mensongères à l’encontre des victimes et des témoins et les conclusions. Dans un rapport, PHDN établit qu’il s’agit bien de la réédition augmentée du livre de 1997, constituant une réitération volontaire de la négation de crime de guerre du massacre d’Oradour-sur-Glane : « Il ressort de l’ensemble de ces éléments que tant le livre […] que le livre […] [Nous faisons le choix de ne pas citer les titres de ces ouvrages ici.] de Vincent Reynouard, du propre aveu de son auteur, sont constitutifs d’une négation de crime de guerre. Dans la mesure où ce crime de guerre a fait l’objet d’une condamnation par le Tribunal militaire de Bordeaux le 13 février 1953, cette contestation est punissable au titre de l’alinéa 2 de l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881, tel qu’il est entré en vigueur le 29 janvier 2017. »

Dès lors, Reynouard est passible de poursuites judiciaires pour toute forme de négation de l’existence de ce crime de guerre et ses deux livres doivent être interdits de diffusion et de vente sur le territoire. Or, sans réaction des pouvoirs publics, l’impunité de Reynouard ne sera que le prolongement de celle des criminels SS du massacre d’Oradour, et son déni de crime de guerre celui fomenté par les bourreaux eux-mêmes dès le 10 juin 19442.

Reynouard reprend un vieux mensonge éminemment idéologique et politique qui consiste à faire porter la responsabilité du massacre d’Oradour sur la Résistance du Limousin pour en blanchir les assassins, dans l’intention de réfuter la légitimité des procès de la Collaboration et du nazisme – Nuremberg en tête –, de prétendre l’inexistence de la Shoah et de réhabiliter les idées du national-socialisme. Cette intention s’entend clairement depuis des décennies : Jean-marie Le Pen en 1987 : « Enfin écoutez, voulez-vous me dire que c’est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ? C’est une obligation morale ? » Bruno Gollnisch en 2004 : « Je ne remets pas en cause l’existence des camps de concentration mais, sur le nombre de morts, les historiens pourraient en discuter. Quant à l’existence des chambres à gaz, il appartient aux historiens de se déterminer. » Gollnisch encore, le 6 mai dernier, sur France Culture au micro d’Antoine Marette : « Je ne suis ni négationniste ni affirmationniste », installait un doute sur un fait historique. Aussi, tout un champ lexical plus tranché prolifère dans Rivarol et d’autres médias nationalistes : « la religion révélée », « la doxa officielle shoatique », « l’historiographie shoatique », « la religion shoatique », « le dogme holocaustique », etc. Rappelons que le négationnisme est une imposture qui n’a pas de lien avec la liberté d’expression ou d’opinion telle que nous la concevons dans notre démocratie, encore moins avec le champ ou le débat historique, c’est un délit en soi, une forme insidieuse de racisme ou d’antisémitisme qui appelle tout autant à la haine et à la violence.


« Ni haine ni oubli »

Aussi déconcertantes sont les conditions d’édition de cette nouvelle publication par Sans Concession (nom de son ancienne revue négationniste), entreprise que Reynouard prétend avoir recréée en 2020 et dont l’objectif est « la diffusion du révisionnisme historique et la réhabilitation du national-socialisme ». Problème : on ne trouve aucune trace légale de cette structure, ni en France, ni en Angleterre. Forme juridique : inconnue. Pas d’inscription à un registre de commerce ou un registre d’association, pas de numéro de TVA. Pas de publication de bilan. Pas de dépôt légal du livre par ailleurs imprimé en Pologne mais sans mention d’imprimatur. Comble du cynisme, l’illustration de la première de couverture de son livre, qui représente le village d’Oradour, appartient à une collection privée gérée par la Fondation de la Résistance… que Reynouard n’a jamais contactée pour en acquérir les droits de reproduction.

« Face à un doctrinaire comme Reynouard, malheureusement, seule la prison permet de faire taire sa propagande. »

Jean-Yves Camus, politologue

Pourtant, Reynouard a obtenu un numéro d’ISBN d’éditeur du Global Register of Publisher et une adresse en poste restante à Hartlepool (comté de Durham). Selon une source proche du pronazi, en janvier dernier, un stock de livres, parti d’Angleterre pour la France, fut confisqué par la douane pour défaut des formalités d’exportation/importation de marchandises et défaut de paiement du droit de douane. Ne possédant pas de numéro EORI (Economic Operator Registration and Identification), et pour cause, Reynouard fait expédier frauduleusement ses livres en France, de petites quantités transportées dans des véhicules personnels sans déclaration de douane, par ses bons amis ou par sa famille, à l’occasion de visites en prison. Ainsi, Jérôme Bourbon et d’autres vendent en France, en toute illégalité et sans respecter la loi sur le prix unique, ce livre qui devrait faire l’objet d’une interdiction. Pire, depuis des mois dans Rivarol, Bourbon en fait religieusement l’apologie, le présentant parfois ailleurs comme l’une de ses publications aux éditions des Tuileries.


Singeant Hitler, son modèle, Reynouard se réclame être l’instrument de la Providence et croit dans les forces des lois de la nature qui consacrent l’homme supérieur. En 2015, lors de son procès, les psychiatres lui ont diagnostiqué des troubles de la personnalité (orgueil démesuré, psychorigidité, inaffectivité) sur fond de perversité, d’absence de compassion et de détachement à l’égard de toute considération humaine. Jean-Yves Camus précise que « Reynouard a voulu miser sur la croyance aux prophéties autoréalisatrices d’un complotisme juif, et sur une tentative de débats pervers, de doute ou de réfutation, de la culpabilité des Waffen-SS dans le massacre d’Oradour, ou de l’existence des chambres à gaz. En réalité, les débats sur des faits établis n’existent pas, comme il n’existe aucun intérêt à répondre aux négationnistes. Sans minimiser la dangerosité des discours de haine ni le rôle des réseaux, en Europe, les négationnistes ont perdu la partie. Mais la force des témoins disparaît, il est indispensable que l’État soit vigilant et soutienne davantage le devoir de mémoire et les programmes de transmission de cette mémoire. » 

En ce jour de commémoration du massacre, comme dans l’avenir, c’est Robert Hébras3 qui a raison : « Aussi, pour moi, Oradour, ce sera toujours ni haine ni oubli4. »

La Licra, la Dilcrah et PHDN ont alerté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la Direction des Libertés publiques et des Affaires juridiques en avril dernier, les associations ont demandé l’interdiction de diffusion et de vente de ce livre.

* Ce troisième report a été demandé pour des questions juridiques et d’indisponibilité d’un des avocats. Le shérif Kenneth Campbel du tribunal d’Edimbourg a exigé que les conclusions écrites des avocats de Vincent Reynouard lui soient remises une semaine avant l’audience préliminaire fixée au 13 juillet. Jugement le 27 juillet.

À suivre..." Xavier Trutti.

BTA.

vendredi 2 juin 2023

« La photo du maréchal Pétain dans son salon » : révélations sur la prétendue repentance de Dieudonné

 


Article de Christel Brigaudeau

"Dieudonné biche. Samedi 27 mai, le maire de Nice, l'ex-LR Christian Estrosi, a offert malgré lui une exposition bienvenue au comédien controversé, en opposant un arrêté d'interdiction à son spectacleprévu dans sa commune. L'intéressé a répliqué en disant vouloir « tendre la main » à son ennemi. L'incident sera une pierre de plus, sur le chemin sinueux de son come-back.


L'humoriste de 57 ans, à la barbe grisonnante, prépare son retour depuis des mois, sifflotant l'air de la repentance à qui veut bien l'écouter. Selon nos informations, cependant, le multirécidiviste de la haine raciale et de l'antisémitisme n'aurait pas refait sa déco. En janvier, « il avait toujours la photo du maréchal Pétain dans son salon », cafte un ancien proche.

« Je reviens doucement, mais sûrement »

Le mardi 16 mai, il faisait coucou aux caméras à Genève, devant le tribunal où comparaissait pour viol l'islamologue controversé Tariq Ramadan. Dieudonné y était entendu comme témoin. Il en a profité pour se camper devant les micros en « une voix qui compte », « comme celle de Tariq », pour « les personnes d'origine africaine qui souffrent ».


En janvier, il adressait à un journal franco-israélien confidentiel, Israel Magazine, une lettre ouverte demandant « pardon » aux juifspour ses dérapages réitérés. La semaine dernière, la même revue publiait une photo du comédien en veste polaire, bras dessus bras dessous avec Francis Lalanne devant l'entrée du site de l'ancien camp d'extermination d'Auschwitz (Pologne). Contacté, le directeur de la publication, André Darmon, « croit à la sincérité de la démarche », même s'il regrette « que Dieudonné n'ait toujours pas vidé son site Internet des contenus problématiques. Il dit que ça prend du temps... »


C'est ainsi drapé dans les habits du pénitent que Dieudonné se produira en septembre avec le barde antivax, sur une tout autre scène que celles, confidentielles, auxquelles il avait habitué son public. Il prépare le Zénith de Paris. Le contrat de location de la salle est signé et, même si une interdiction par la préfecture de police de Paris reste possible, les billets sont en vente. « Je reviens doucement, mais sûrement », a annoncé avec gourmandise l'acteur, dans une vidéo publiée il y a un mois à l'attention de ses fans.


« J'ai essayé aussi de mettre en garde Francis Lalanne »


« Il veut sortir du cachot, il a profité du fonds de commerce de l'antisémitisme un temps, c'est indéniable, mais cette page est tournée », assure l'avocat du comédien, Me Emmanuel Ludot. Sur le plan judiciaire « toutes ses condamnations civiles sont payées » et Dieudonné a demandé un aménagement de la peine de deux ans de prison fermeà laquelle il a été condamné en 2019 et qu'il n'a toujours pas purgée.


La ficelle du grand pardon semble épaisse. Tellement, qu'elle fait bondir d'anciens membres de sa garde rapprochée, des intimes qui n'avaient jamais parlé. « Je suis en colère... Des gens vont y croire, alors que je sais que sa repentance est totalement fausse », confie au téléphone Sébastien (le prénom a été changé), un ex-employé qui a claqué la porte après des années de services dévoués. « J'ai envoyé des messages pour prévenir que c'est un menteur, j'ai essayé aussi de mettre en garde Francis Lalanne... Mais lui est comme possédé. Je l'étais aussi. Il faut comprendre que Dieudo est très fort pour jouer un rôle. Quand on est dans son monde, on a l'impression de bosser pour Jésus Christ », poursuit ce repenti.


Pour la première fois, comme Sébastien, plusieurs membres de son clan, dont ses deux ex-compagnes, Marine Lutinier et Noémie Montagne, ont accepté de sortir du bois pour raconter, de l'intérieur, le système Dieudonné. Un univers « à tout le moins clanique », résume l'avocat de Noémie Montagne, Me Alex Buchinger.


« Il a une véritable haine des femmes »


Marine, la première épouse, avait 18 ans quand elle a rencontré ce « petit loulou de banlieue » au verbe haut. Il avait 23 ans, faisait un peu le commercial, un peu le comédien, aux côtés de son copain d'enfance Élie Semoun. L'ascension sera fulgurante sur les planches. Pour Marine, qui arrête ses études, c'est une descente aux oubliettes.


« Un système s'est très vite mis en place où je me suis retrouvée avec trois enfants dont il ne s'occupait jamais, sans boulot, à la maison, et progressivement, je subissais des dégradations morales constantes, retrace-t-elle. Pour lui, j'étais moche, je ne servais à rien, je n'arriverais jamais à rien... Il a une véritable haine des femmes ». Elle a plié bagage en 2006, et a commencé une thérapie de dix ans.


Noémie Montagne raconte un enfermement similaire, l'épuisement d'élever quatre enfants (nés en quatre ans), mais aussi l'engrenage d'un système économique et financier dont les rouages la broient encore aujourd'hui.


La jeune mère a servi de prête-nom, propulsée gérante de sociétés, cheffe de tous les comptes (et de toutes les factures), et paratonnerre de toutes les embrouilles provoquées par son mari. « Lui, sur le papier, n'apparaît nulle part. En réalité, je ne contrôlais rien », résume-t-elle, dans une interview exclusive accordée au Parisien - Aujourd'hui en France.


« Quand j'ai été embauché là-bas, j'ai découvert des gens coupés du monde »


Un an après leur rencontre, le couple a quitté Paris : Dieudonné a installé son fief dans un décor bucolique, à la lisière entre Normandie et Île-de-France. Dans le village du Mesnil-Simon (Eure-et-Loir), se trouve le vaste domicile familial, avec piscine intérieure et salle de jeux. Dans le salon, au-dessus de la cheminée, trône une huile représentant un Dieudonné riant aux éclats. D'autres portraits ornent les murs, ainsi que des sculptures d'ananas. Le fruit, référence antisémite à sa chanson « shoah-nanas », décore aussi son compte Twitter, dont il a récemment retrouvé la jouissance.


Peu d'employés accèdent aux appartements privés du patron. C'est à 10 km de là, à Saint-Lubin-de-la-Haye, que Dieudonné fait tourner son monde dans une propriété immense abritant des bureaux mais aussi des logements. Une partie des salariés - dont le nombre a fluctué au cours des années - vit à demeure, avec leurs familles. Le soir, on boit souvent du champagne, et les paroles du grand manitou.


Sébastien, cet ancien employé qui avoue s'être « accroché » à Dieudonné comme à une bouée de sauvetage, après une longue dérive personnelle, a vécu là plusieurs années, forçat volontaire de la dieudosphère. « Son côté en marge et antisystème me plaisait », raconte-t-il. « Je me sentais missionné, et, du coup, je me voilais la face sur beaucoup de choses, notamment sur l'antisémitisme », regrette l'ex-salarié, qui désormais désigne son ancien patron sous le sobriquet de « Dieudonné M'blabla » pour sa propension à adapter son discours à son auditoire.


L'homme-sandwich de la haine antisémite, agitateur en vue de l'extrême droite à la ville, semble, à la campagne, un homme d'affaires avant tout. Il assomme de projets des équipes composées de fans, d'amis, et de membres de la famille. « Quand j'ai été embauché là-bas, j'ai découvert des gens coupés du monde qui ne comprenaient pas du tout ce que Dieudonné représentait à l'extérieur. J'avais l'impression d'être dans un asile peuplé de schizophrènes, et complètement décalé avec mes convictions », s'étonne encore « Joe le corbeau », de son pseudonyme, un admirateur politisé et convaincu, issu tout droit de la mouvance complotiste. Il a été condamné en 2016 pour incitation à la haine. « Dieudonné, ajoute-t-il, ne s'entoure que de gens qui ne comprennent rien. »

« Dieudonné a fait arrêter l'école à deux de ses fils, à 13 et 14 ans »

« En réalité, toutes les personnes qui approchent du cercle de Dieudonné finissent par travailler pour lui », constate Noémie Montagne. Ainsi de la baby-sitter des enfants, recrutée pour s'occuper du merchandising de la société E-Quenelle. Ainsi de plusieurs membres des familles de Marine Lutinier et de Noémie Montagne, qui ont tourné le dos à leur parente, le jour où elles ont choisi de sortir du clan.


« Pour les gens de ma famille, j'étais celle qui avait », déplore Marine Lutinier. Sur les trois enfants du couple, les deux garçons sont revenus à l'adolescence vivre chez ce père qui assurait que « l'école ne sert à rien » et leur faisait miroiter une vie plus drôle à ses côtés. « Dieudonné leur a fait arrêter l'école, à 13 et 14 ans, et a fait croire aux autorités qu'ils étaient scolarisés au Cameroun. Je l'ai signalé à la gendarmerie », raconte l'ex. Les deux jeunes hommes travaillent toujours auprès de leur père, dont les affaires ne se limitent ni à la France, ni au monde du spectacle."

Tout sur Dieudonné. Sa haine, ses arnaques, ses procès...: https://www.balancetonantisemite.com/search/label/Dieudonné

BTA

Attaque à l’explosif contre le centre LGBT de Tours, un adorateur de Civitas passe à l'acte !

 


"Attaque à l’explosif contre le centre LGBT de Tours : un catholique intégriste de 17 ans en garde à vue

Suspecté d’avoir jeté, le 22 mai, une bouteille remplie d’acide et d’aluminium sur la structure, le jeune suspect aurait expliqué son acte par son «exaspération de la théorie du genre».

La Marche des Fiertés à Tours, le 15 juin 2019. (Xavier De Torres/Hans Lucas) par LIBERATION et AFP

publié le 1er juin 2023 à 20h57

Un individu a été placé en garde à vue après l’attaque le 22 mai du centre LGBTI de Touraine, à Tours, a affirmé ce jeudi 1er juin la procureure de la République de Tours, Delphine Amacher. Selon des sources proches de l’enquête, l’individu est un mineur âgé de 17 ans, catholique intégriste. Il a été interpellé chez lui.

D’après le Parisien, qui a révélé l’information, le suspect aurait expliqué avoir agi en raison de son «exaspération de la théorie du genre». Le quotidien raconte qu’une bouteille d’acide chlorhydrique et un schéma détaillant la fabrication d’un engin explosif ont été retrouvés lors d’une perquisition menée chez ses parents.

Le 22 mai, un individu avait lancé en plein jour un engin détonant artisanal, une bouteille remplie d’acide et d’aluminium, alors que deux salariés étaient présents dans le centre LGBTI Touraine, situé à Tours. Cette attaque n’avait pas fait de blessé.

Le parquet de Tours avait ouvert une enquête pour tentative d’assassinat le lendemain. La police judiciaire, le commissariat de Tours, ainsi que l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH) avaient été cosaisis de l’enquête par le parquet de Tours. Selon la Nouvelle république, le parquet devrait s’exprimer vendredi après-midi.

Les enquêteurs devront aussi déterminer si le jeune homme a participé aux autres attaques ayant visé le centre LGBT ces derniers mois, brisant la porte du local et la boîte aux lettres dans les nuits du 21 avril puis du 13 mai."

source: Libération

BTA



mardi 30 mai 2023

Boris Le Lay à l'origine des tracs néonazis distribués à La Neuville-Chant-d'Oisel

Aveuglés par leur haine des Juifs, il n'aura fallu que quelques jours pour que l'un de ses adeptes s'exécute dans une commune de Seine-Maritime, promptitude qui en dit long sur l'influence exponentielle et inquiétante exercée par le gourou en chef du néonazisme francophone Boris Le Lay, antisémite radical rêvant d'hégémonie aryenne à une échelle planétaire depuis le Japon où il s'est expatrié en pensant se soustraire éternellement à la Justice.




Le 12 mai dernier, cet extrémiste (toujours recherché par Interpol) publiait sur son site web "Démocratie Participative" un tract à caractère explicitement antisémite, LGBTphobe et incitant au suprémacisme blanc qu'il ordonnait ouvertement à ses suiveurs d'imprimer et d'utiliser à des fins de prosélytisme nazi, y écrivant sans ambages "Boîtez, scotchez sur des supports ou laissez les tracts au sol dans des endroits fréquentés (de jour). Allez et faites des disciples !". Un ordre de tractage signé "Département d'éveil racial du peuple" et émis dans une volonté manifeste d'utiliser ses malléables adeptes comme agents d'enrôlement néonazi.

Un papier scandaleux estampillé de vomitifs symboles rappelant des heures les plus sombres de l'histoire :


Renvoyant à l'incensurable compte Gab.com de ce Boris Le Lay (avec QR Code) et suggérant même une prise de contact directe via la communication de son adresse e-mail, c'est bien ce même tract d'horreur que plusieurs habitants de La Neuville-Chant-d'Oisel ont eu le déplaisir de se voir imposer dans leurs boites aux lettres ainsi que sur l'Église ce leur village ce dernier weed-end de l'Ascension, en application expresse des directives suivantes données par l'influent leader d'opinion anti-Juifs et anti-démocratie depuis son site de Pandore :


Des consignes et un mode opératoire livrés au sein d'un article titré "Imprimez notre dernier tract !" et classé dans une rubrique intitulée "Tacts à imprimer", marques d'une volonté alarmante de commanditer des opérations prosélytiques (et, qui sait, demain d'autres natures) en France, depuis le Japon, par exploitation de la malléabilité d'individus en quête de repères et lobotomisés par la propagande de complotisme nazifiant commise sur le site.


Déposant légitimement plainte, le maire de la commune confirme au micro de France Télévisions.

« On a une image de la personne qui distribue qui visiblement obéit à un mode opératoire d'un réseau nazi national et qui a donc fait cette action nauséabonde le week-end dernier au sein de notre paisible commune.» :


(source : https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime/rouen/qui-a-depose-des-tracts-antisemites-se-referant-au-nazisme-dans-le-village-de-la-neuville-chant-d-oisel-2782958.html)

Des destinataires consternés par ce qui paraît anachronique mais pourtant bien d'actualité, qui ne pensaient pas revoir et expérimenter cela encore à notre époque...


Voici, à titre d'aperçu de l'infâmie de l'idéologie sous-tendant ce tract et dans laquelle il vise à enrôler, quelques-uns des derniers écrits extrémistes en date de la rédaction du site témoignant on ne peut plus explicitement d'une intention de radicalisation et de réitération de l'entreprise hitlérienne :

« Les juifs ne peuvent pas s’empêcher de vouloir transformer la vie heureuse des peuples blancs en cauchemar. Le nomade parasitaire qu’est le juif a besoin de détruire toutes les structures sociales des peuples sédentaires pour les infiltrer et les exploiter sans redouter de résistance. C’est pour cette raison que le juif est le diviseur éternel. Ce fomenteur de guerre civile cherche inlassablement un nouveau conflit à ouvrir pour semer le chaos et la haine et se poser en arbitre. Cette race est le malheur incarné. »

(dans l'article « Vous ne devinerez jamais (((qui))) est derrière la pub pro-travelo de Budweiser ni pourquoi c’est une juive » du 22 avril dernier)


« S’il y a une idée qui doit pénétrer tous les esprits, c’est la nécessité de régler nos comptes avec ces juifs. Il n’y a plus que quelques milliers de CRS qui permettent encore à cette race de sévir comme elle le fait en France. »

(dans l'article « Après l’action de légitime défense contre le tableau pédophile de la juive Cahn, Macron évoque une atteinte à la victoire du 8 mai 1945 » du 8 mai dernier)


« La plupart des peuples de la terre vivent très bien en se tenant éloignés des juifs et de leurs incessantes explosions de haine contre tout ce qui n’est pas eux... Je ne vois comment on peut dire qu’une colonisation ouvertement revendiquée par ces juifs à la pointe du fusil, avec tous ces indigènes parqués dans leurs camps de concentration à ciel ouvert, peut être qualifié autrement que de régime d’apartheid. Que l’on aime ou non les Arabes, c’est factuel. »

(dans l'article « Débordements d’ultra-nationalisme juif à l’Assemblée qui vote comme un seul homme l’impunité des colons juifs de Palestine » du 4 mai dernier)


« ... "la barbarie aveugle des Musulmans". Les Musulmans sont loin d’avoir agi aveuglément. Ils ont au contraire mené cette action avec une grande précision religieuse et historique afin d’adresser un message aux juifs qui nourrissent en ce moment des envies de carnage mondial. Ce message veut dire : "Nous savons exactement ce que vous préparez...". N’hésitez pas à communiquer ce texte un peu partout, notamment à tout Musulman soucieux de sa religion, car il ne pourra guère compter sur l’imam de sa mosquée pour lui expliquer les buts génocidaires des juifs, encore moins leurs motivations religieuses. »

(dans l'article « Tunisie : les kabbalistes juifs allumés en plein culte génocidaire à la synagogue de Ghriba, Marek Halter et Chalghoumi presque truffés de balles ! » du 10 mai dernier)


« Le chef du monde blanc, Adolf Hitler, a posé les jalons de la nouvelle ère de l’Europe il y a moins d’un siècle en fondant le NSDAP, en 1919. L’homme marchait encore sous notre soleil il y a 78 ans. C’est avec confiance que le combattant aryen regarde le soleil, en sent la chaleur et dit "comme sur le mien, ce soleil a brillé sur le front d’Adolf Hitler !". Cette réalité palpable ne demande qu’à reprendre vie, il suffit d’en avoir la volonté. Et, contrairement aux hallucinations du marxisme et à la démagogie démocratique, le réalisme racial hitlérien repose sur l’observation des lois immuables de la nature et l’adaptation des lois de l’État à cette réalité éternelle dans un esprit que l’histoire ne peut abattre puisqu’il procède de l’étude de l’histoire. La force politique qui s’appuie sur les lois éternelles de la nature bâtit avec du marbre, ce qu’il construit ne meurt jamais. Construire l’empire aryen, voilà le projet... Les combattants à la swastika entreprennent une tâche herculéenne, mais, à la différence des opportunistes et des gens du passé, leur action est calquée sur la mécanique de l’univers, adossée à ses règles éternelles. »

(dans l'article « Bernard-Henri Lévy annonce l’expulsion de la Russie de l’ONU » du 20 mai dernier)


Des propos indiciblement abjectes publiés sous cette bannière (l'actuelle du site) incluant le turpide slogan "Vous n'êtes pas obligés de mourir pour les Juifs" :



En image d'avatar du compte Gab.com vers lequel le tract renvoi figurent monstrueusement les propos "Aujourd'hui Hitler c'est le minimum" :




Nous alertons donc les autorités, face au risque de survenue d'autres tractages et opérations qu'il pourrait en venir à ordonner de la sorte, quant à la dangerosité de ce Boris Le Lay qui vient de passer un cap inquiétant et ne peut désormais plus être considéré comme un simple idéologue et activiste de l'Internet, ce fait comme de probables ultérieurs hélas attestant de l'impact concret que peut avoir son influence préoccupante sur une frange non négligeable de la mouvance complotiste.


BTA